Pour l’ancien Premier ministre, depuis 2003, toutes les ingérences atlantistes n’ont fait qu’aggraver le terrorisme.
Le Middle East Monitor est la publication officielle du Middle East Institute. Cette ancienne institution basée à New York est exclusivement dédiée à l’étude du Moyen-Orient et a pour fonction de « favoriser la compréhension réciproque entre les peuples du Moyen-Orient et les citoyens américains ». Il donne la parole à Dominique de Villepin qui accuse dans un entretien choc la politique dite
« occidentale » d’être, par son arrogance, responsable de l’émergence de l’autoproclamé État islamique.
Depuis le discours qu’il prononça le 14 février 2003 devant l’Organisation des Nations unies, le ministre a acquis une célébrité internationale. « La guerre déclenchée en Irak en 2003 amena au pouvoir Nouri Al-Maliki, qui utilisa le jeu sectaire du conflit entre chiites et sunnites », explique Dominique de Villepin, et c’est sur ce terreau qu’ont grandi les capacités du soi-disant État islamique. « Cette organisation comptait quelques milliers de membres, alors qu’aujourd’hui ils seraient entre 20 et 30 000. » Cette augmentation est le produit de nos propres incohérences. « En menant la guerre dans une région en crise d’identité, nous fournissons aux terroristes un service inestimable, celui de s’allier contre nous. »
Dans cet entretien, Dominique de Villepin dépasse la simple critique de l’intervention américaine en Irak, et critique plus globalement les interventions récentes, qu’elles aient lieu en Irak ou en Libye : « En 2001, nous avions un foyer central de terrorisme. Maintenant, après avoir engagé des opérations militaires depuis 13 ans en Afghanistan, Irak, Libye et Mali, nous sommes confrontés à 15 foyers de terrorisme à cause de nos politiques contradictoires. »
Sans donner de solution pour autant afin de faire cesser les massacres en Irak et dans la région, l’ancien Premier Ministre se dit catégoriquement opposé à une nouvelle guerre menée par l’Occident contre l’organisation État islamique : « L’Occident paierait une nouvelle guerre contre l’État islamique d’un nouveau califat en Libye ».