Dans son homélie de Noël, l’archevêque de Bordeaux a souligné que le débat sur les crèches, un peu surréaliste, surtout vu de l’étranger, peut pourtant avoir un effet bénéfique. Lequel ?
Voici le texte de l’homélie de Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et évêque de Bazas, prononcée pour les célébrations de Noël les 24 décembre, à Blanquefort, et 25 décembre, en la cathédrale Saint-André à Bordeaux :
Chers frères et sœurs,
Cette année, au mois de décembre, nous avons eu droit à l’épisode un peu burlesque de l’interdiction ou pas des crèches dans l’espace public. Les intégristes de la laïcité y voyaient une entorse au principe républicain. D’autres répondaient que ces crèches faisaient partie de notre culture et pouvaient très bien apparaître en public dans le paysage de nos villes et de nos villages. Le provençal que je suis reste très surpris de ce débat : les crèches provençales font partie, en Provence, de notre histoire locale et la vente des santons sur la Canebière, à Marseille, est une véritable institution sociale. J’ajouterais de plus que vouloir traquer la moindre expression du religieux dans l’espace public, c’est prendre le risque de voir réapparaître ce religieux refoulé, mais de le voir resurgir d’une manière violente, sauvage et non régulée. Nous le constatons aujourd’hui, ici en France, dans certaines conversions de nos concitoyens à des formes religieuses extrémistes et fanatiques.
Ce débat, un peu surréaliste, surtout vu de l’étranger, peut pourtant avoir un effet bénéfique. Il nous invite à regarder la crèche, à nous en approcher, à la redécouvrir. Certains de nos contemporains risquent d’en faire un simple élément du décor de Noël comme le sapin, les guirlandes, les cadeaux et le repas de fête. En fait, la crèche est une confession de foi, une expression de la foi. Vous savez que c’est saint François d’Assise qui a popularisé cette représentation de la naissance de Jésus en montant une crèche vivante. Il voulait tout simplement illustrer ce passage de l’Évangile de saint Luc que nous venons d’entendre. Dans la crèche, que voyons-nous ? Un couple et un enfant qui vient de naître et qu’on a mis dans une mangeoire pour qu’il n’ait pas trop froid. Mais dans une crèche, les personnages importants, ce sont les anges qui nous donnent la clef de compréhension de la scène. Ils viennent nous dire, comme aux bergers : cet enfant, qui ressemble à tous les autres enfants, n’est pourtant pas un enfant comme les autres, il est le Sauveur, celui que le Père envoie pour apporter aux hommes le Salut.
Le Salut, c’est une puissance de vie. C’est l’amour, la miséricorde, la tendresse du Père qui veut rejoindre tout homme. C’est la présence même de Dieu qui veut habiter nos vies, qui veut naître aujourd’hui dans nos cœurs, comme autrefois à Bethléem. Et quand nous l’accueillons, nous expérimentons qu’il est une formidable force de transformation de nos vies. Il vient en nous et ses cadeaux sont la joie, la paix, l’assurance de se sentir aimé, la générosité et la volonté d’aimer à notre tour, l’espérance et la confiance. Ce sont les vrais cadeaux de Noël. Lire la suite sur le site du diocèse de Bordeaux