La disparition de l’Airbus d’Air Asia – le troisième crash affectant une compagnie malaisienne en moins d’un an – pose une nouvelle fois la question de la sécurité aérienne. Un orage en serait la cause principale.
La rentabilité d’une compagnie aérienne passe-t-elle avant la sécurité des passagers ? C’est la question qui est une nouvelle fois posée par la disparition dimanche, entre l’Indonésie et Singapour, de l’Airbus A320-200 de la compagnie malaisienne low-cost Air Asia avec 162 personnes à bord dont 16 enfants et un nourrisson. Le co-pilote était le seul Français à bord.
L’avion s’est vraisemblablement écrasé dans la mer de Java une heure après avoir décollé de Surabaya, à destination de Singapour (Sud Ouest).
L’avion a disparu des écrans de contrôle dimanche à 06 h 17 (samedi 23 h 17 GMT), 42 minutes après son décollage « alors que le pilote venait de demander l’autorisation de modifier son plan de vol pour passer d’une altitude de 32 000 à 38 000 pieds en raison des mauvaises conditions météorologiques », précise Le Figaro. Il est possible que cette manœuvre, qui consiste finalement à ne pas dévier de sa route mais à tenter d’échapper à l’orage en volant à 2 000 mètres au-dessus de l’altitude prévue, ait été fatale à l’appareil. « Selon Gérard Feldzer, expert aérien et ancien pilote, la manœuvre opérée par l’avion au moment de sa disparition pouvait être délicate. "C’est possible qu’il ait manqué de vitesse. Quand on est pas loin du plafond [altitude maximale, ndlr] de l’avion, la marge de manœuvre est très faible, on risque de décrocher", a indique-t-il. Selon lui, le mauvais temps ne saurait toutefois à lui seul expliquer la disparition de l’avion » (Nouvel Obs). « Les compagnies minimisent les risques des orages », dit le commandant de bord Gérard Arnoux sur RMC.
Les recherches se concentrent dans les eaux autour des îles de Bangka et Belitung, en mer de Java, au large de la côte orientale de l’île de Sumatra. Singapour, la Malaisie et l’Australie ont dépêché des avions et bateaux pour assister l’Indonésie. D’autres pays ont proposé de l’aide : le Royaume-Uni, la France, les États-Unis et la Chine, a expliqué le chef l’agence nationale indonésienne de recherches et secours, qui a précisé que l’Indonésie n’avait pas « les outils » nécessaires comme des sous-marins pour retirer un avion du fond de la mer (Le Parisien).
Les risques de ne pas se dérouter
La disparition de cet avion est certes très différente de celle du Boeing 777-200 de la Malaysia Airlines volatilisé le 8 mars peu après son décollage de Kuala Lumpur (Malaisie) à destination de Pékin (Chine), avec 239 personnes à bord. Mais elle intervient neuf mois après la disparition du MH370, toujours non élucidée (« l’un des grands mystères de notre temps », a souligné le Premier ministre australien, Tony Abbott) et cinq mois après celle du MH17, l’autre avion de la Malaysia Airlines abattu par un missile au-dessus de l’Ukraine. Elle ressemble plutôt au crash de l’avion Swiftair/Air Algérie survenu lui-aussi au cours d’un violent orage au mois de juillet. Mais toutes ces catastrophes ont montré :
1°) La difficulté de localiser la disparition d’un appareil (MH370 et à présent QZ8501 – alors que des avions et des bateaux australiens, singapouriens, malaisiens et indonésiens sillonnent la zone où des pêcheurs ont entendu une forte explosion).
2°) Le risque que prennent certaines compagnies ou leurs pilotes en n’évitant pas des zones d’orage (avion Swiftair/Air Algérie et QZ8501) ou des zones de guerre (MH17).
La compagnie Air Asia est confrontée à son premier incident majeur depuis sa création il y a vingt ans. « Elle a connu une croissance spectaculaire depuis son rachat en 2001 par un homme d’affaires haut en couleur, fréquemment comparé au fondateur britannique du groupe Virgin Richard Branson », commente RTL.
2014, année du centenaire de l’aviation commerciale, est aussi la plus meurtrière depuis dix ans : un millier de morts, relève Le Parisien.