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Le chrétien est un capital-risqueur (fou)

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Cahiers Libres - publié le 19/12/14
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Pour les non-croyants, la foi semble être une manière de se « rassurer » face à l’angoisse de la mort. Skeepy propose, sur Cahiers Libres, de dépasser les clichés et d’aller plus loin.
Pour les non-croyants, l’un des motifs de la foi, serait de se
« rassurer » devant l’angoisse de la mort en promettant un monde idéal post-mortem. Une idée que la marxisme-léninisme, généreuse idéologie athée, avait résumée en disant que la religion « est l’opium du peuple ». Voulant dire par là qu’elle anesthésiait les forces vives en promettant un paradis « plus tard ».

Il est difficile d’avoir une idée plus aux antipodes de la réalité… à tous le moins en ce qui concerne le christianisme. En effet, pour un chrétien, il y a certes l’espérance d’une vie éternelle mais elle n’a rien de gagnée. Tout le monde n’ira pas au paradis. Pour cela, il faut être associé aux mérites gagnés pour nous par le Christ. Pour y être associé, il faut s’identifier au Christ et donc lutter.

Soyons rapide et osés : la vie du chrétien est une lutte, une milice. Une lutte qui vise à gagner une vie qui n’a rien de certaine : la vie éternelle est espérée, elle n’est pas due. Et c’est dans cette espérance que naît la vocation de capital-risqueur du chrétien. Le chrétien s’attache toute sa vie à vivre en cohérence avec sa foi, dans l’espérance de la vie en Dieu. Mais – humainement – rien ne lui indique qu’il en bénéficiera, que ce soit dans l’absolu (y-a-t-il une vie après la mort ?), ou en relatif (mes actes vécus dans la foi me permettront-ils d’obtenir, par la grâce de Dieu, la vie éternelle ?).

La vie éternelle : un pari

Pascal a fort bien formulé cette problématique dans ses pensées, à travers le maintenant bien connu « Pari » :

« Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude ; et votre nature a deux choses à fuir : l’erreur et la misère. Votre raison n’est pas plus blessée, en choisissant l’un que l’autre, puisqu’il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter » (Pascal, Pensées, 1670).

On pourrait nuancer le propos de Pascal, en se disant qu’aujourd’hui une personne recherche, derrière le « bien », des biens charnels. En se mettant à la place d’une telle personne, une alternative se propose à lui : soit vivre les vertus pleinement et renoncer à certains plaisirs, en vue du Royaume de Dieu. Soit, vivre pleinement tous les plaisirs charnels, selon le mots de saint Paul :
« Mangeons et buvons, car demain nous mourrons ».

Il y a donc bien un enjeu pour nos contemporains. Mais s’il n’y a pas d’enjeu, il n’y a pas d’investissement. Un capital-risqueur sait qu’il peut complètement perdre son investissement. Mais c’est sans doute ce risque même qui le force à investir : il est presque grisé par l’opportunité du gain et aura tendance à plus facilement admettre le risque de tout perdre.

Développons un peu ce point : qu’ai-je à engager, ou pour mieux dire « qu’ai-je à investir » ? Pascal nous l’indique : « Votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude ». La très fameuse parabole des talents nous donne une réponse. Les Français ont eu tendance à faire des raccourcis sémantiques en réduisant le talent (somme d’argent) au talent (vertu ou capacité humaine). Lire la suite sur Cahiers Libres

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