Depuis lundi, le cours du rouble, en baisse constante depuis déjà plusieurs mois, chute dramatiquement. En cause, l’effondrement du prix du pétrole.
Malgré les interventions de lundi auprès de la Banque de Russie, la monnaie nationale qui s’échangeait hier à 100 roubles pour
1 euro et 80 roubles pour 1 dollar a perdu près de 10% de sa valeur. Il faut maintenant 90 roubles pour acquérir 1 euro et 72 roubles pour 1 dollar. La Bourse de Russie a emboîté le pas tout comme les taux d’emprunts de l’État. Une chûte qui confirme une tendance de fond : le rouble aurait déjà perdu 40% de sa valeur depuis le début de l’année, selon Les Échos.
La faute aux États-Unis
Logiquement, Vladimir Poutine accuse les États-Unis d’être derrière ce coup dur porté à son économie. Outre les sanctions économiques décidées par le bloc Atlantique, la Russie fait les frais des conséquences de la baisse du prix du pétrole. Depuis l’été 2014, le baril a perdu 45% de sa valeur, minant considérablement les exploitations pétrolières russes : contrairement au pétrole du Moyen-Orient, notamment, l’or noir russe accuse des coûts d’extraction élevés. Si les cours restaient à leur niveau actuel, autour de 60 dollars le baril, le produit intérieur brut russe pourrait chuter d’au moins 4,5%. Ce « choc pétrolier à l’envers » ne fait pourtant pas l’affaire de tous les Américains : ceux qui ont investi dans le pétrole de schiste subissent également cette hausse, car le pétrole de schiste est lui aussi tributaire de coûts d’extraction élevés.
Selon le numéro deux de la compagnie pétrolière russe Lukoil, Leonid Arnoldovich Fedun, le rouble russe ne serait qu’une victime collatérale d’une guerre menée par les Saoudiens et les pays de l’OPEP contre les pétroles non conventionnels américains. Cité par Zerohedge, il prédit : « En 2016, quand l’OPEP sera parvenue à nettoyer le marché américain, le prix du pétrole augmentera à nouveau ». Il ne croit pas par conséquent que l’avenir de la Russie soit si noir. Ses installations pétrolières, exploitées sur trente ans, peuvent supporter ces chutes de prix bien plus facilement que les forages de pétrole de schiste qui exigent en moyenne de nouveaux investissements tous les deux ans.
De manière plus globale, la tendance est à la prudence du côté des investisseurs mondiaux. Un signe parmi d’autres : le rendement des obligations souveraines américaines est en baisse. Aux yeux des investisseurs, il s’agit d’un placement suffisamment sûr pour justifier le fait de ne pas être très rémunérateur. Autre motif de méfiance, le ralentissement économique chinois, dont la croissance est estimée à 7,1% contre 7,5% attendu.
L’économie russe, qui traîne la réputation de placement « à risque » souffre mécaniquement dans ce contexte. Le gouvernement anticipe déjà une récession de 0,8% en 2015 après une croissance de 0,6% cette année. La Banque de Russie semble désemparée face à la dégringolade de sa monnaie. Elle a dépensé plus de 80 milliards de dollars sans réussir à enrayer la chute. Ses réserves, estimées à 400 milliards de dollars, s’amenuisent. Vladimir Poutine pourrait se résoudre à introduire des restrictions de capitaux. Cette mesure extrême risquerait, selon certains analystes, de ruiner la crédibilité de Moscou sur les marchés.