Après le passage de Hagupit, et un an après Haiyan, Enfants du Mékong contribue à relever les ruines. Objectif : durabilité des matériaux et autonomie des habitants.
Une nouvelle catastrophe a frappé l’archipel des Philippines ce dimanche 7 décembre. Le bilan humain de Hagupit serait aux dernières nouvelles de 27 morts, heureusement très loin des près de
6 300 victimes de Haiyan. Mais la reconstruction sera longue : les ruines du dernier cyclone n’étaient pas encore relevées.
Il y a tout juste un an, Haiyan avait touché 14,1 millions de personnes, selon Enfants du Mékong (EDM). Au total, 1,1 million de maisons avaient été endommagées, 550 000 détruites ainsi que plus 630 écoles. Face à cette situation, une fois l’urgence passée, il a fallu se concentrer sur la reconstruction, en fournissant notamment des matériaux durables : l’abri sous bâche entretient la précarité des personnes sinistrées. C’est pour cette raison que l’association évite les abris sommaires ou les distributions d’argent liquide. Très implantée dans les zones rurales, EDM se donne pour mission de limiter l’exode vers les bidonvilles en permettant aux paysans de vivre décemment.
Pour atteindre cet objectif, il faut d’abord fournir de quoi rebâtir les maisons, notamment du bois, acheté auprès d’entreprises locales. Il faut ensuite pérenniser les activités, en donnant de quoi faire pousser des potagers par exemple. En effet, outre les destructions immobilières, l’Organisation internationale du travail (OIT) estime que 5 millions de travailleurs ont perdu leur moyen de subsistance, de façon provisoire ou permanente. Pour ces gens qui ont tout perdu, il suffit souvent d’un « coup de pouce » pour qu’ils reprennent leur activité et retrouvent leur autonomie. Pour preuve, six mois après le passage de Hayan, les volontaires d’EDM rapportaient que les paysans qu’ils avaient aidés procédaient à leur première récolte depuis le sinistre.
Le soutien aux petits paysans philippins représente un enjeu majeur dans un pays frappé par le fléau de l’exode rural et de l’inégalité de la répartition des terres. Selon SOS Faim, 75% des 85 millions habitants de l’archipel sont des paysans dépendant de leur terre. Or, 60% des terres agricoles, soit 8,5 millions d’hectares, appartiennent à seulement 13% des propriétaires fonciers. Les plus gros propriétaires terriens, 9 500 individus, possèdent 21% des terres agricoles, soit presque 3 millions d’hectares.