C’est encore un jeune Français converti à l’islam que les habitants de son village ont reconnu sur une vidéo appelant ses compatriotes à combattre en Irak ou en Syrie, et à « tuer des mécréants » en France.
Il se fait appeler Abou Ossama Al-Faranci dans une vidéo de propagande du prétendu État islamique (EI), mais son nom est Quentin Le Brun, 26 ans, et il a grandi dans un village du Tarn. « Beaucoup de gens du village de Labastide-Rouairoux l’ont reconnu, a confirmé le maire de cette commune de 1 400 habitants à l’AFP. Ils sont formels et il n’y a pas eu de démenti ni de la famille ni de qui que ce soit, alors il y a 99 % de chances que ce soit lui » (20 minutes).
Sa « conversion à l’Islam n’est un secret pour personne », précise La Dépêche du Midi qui a révélé son identité samedi. « Cet enfant du pays aux yeux bleus » est le « fils d’une fratrie de quatre enfants, il a grandi à Labastide avec sa grande sœur et ses deux petits frères. Sa maman, séparée, travaille dans la région de Mazamet, et son papa était chauffeur routier. » Lui-même serait marié et père de deux enfants, mais, selon La Dépêche, aurait quitté Toulouse pour la Syrie depuis un an.
Ils brûlent leurs passeports
Quentin, alias Abou Ossama Al-Faranci, est donc l’un des trois djihadistes qui, dans un français courant, appellent leurs compatriotes à les rejoindre pour combattre ou, sinon, à commettre des attentats en France en « tuant les mécréants ». Puis les trois hommes brûlent leurs passeports français pour montrer qu’ils ont rompu tout lien avec leur pays.
« De nombreuses vidéos de ce type, dans lesquelles des Français menacent leur pays, ont été repérées ces derniers mois », relève Le Point qui rappelle que la France est en tête du palmarès des pays occidentaux fournisseurs de djihadistes : plus d’un millier dont près de 400 combattraient en Syrie ou en Irak (Aleteia).
Aujourd’hui, l’ensemble du territoire français est concerné : les services de renseignement estiment que 83 des 101 département français comptent au moins un « loup solitaire ». Outre les filières de recrutement, les collectes de fonds sont très efficaces dans l’Hexagone : « Deux membres d’une association caritative musulmane, Perle d’espoir, ont été mis en examen, rapporte Le Figaro. Ils sont soupçonnés de s’être livrés à un double jeu et de profiter de leur présence en Syrie pour livrer de l’argent liquide à des combattants islamistes ». Ils prétendaient pourtant « venir en aide aux orphelins » de Gaza.
Comme Maxime Hauchard et Mickael Dos Santos, Quentin Le Brun s’est converti à l’islam. Ils ne se connaissaient pas, l’un vivait dans la campagne normande, l’autre en Ile-de-France, le troisième à Toulouse, après avoir grandi dans un village du Tarn. Aucun n’avait défrayé la chronique. « Pourquoi y a-t-il tant de convertis parmi les djihadistes français de l’État islamique ? », se demande L’Express. « Leur vie bascule au sortir de l’adolescence, lorsqu’ils décident de tourner le dos à leur éducation catholique pour se convertir à l’islam. » Internet – des sites, des pages Facebook – puis une rencontre auront suffi à les faire basculer avec le zèle des convertis.
« Ils ont le choix entre Tarnac et Daesh »
Il faudrait y regarder de plus près s’agissant de leur « éducation catholique » et de leur vie familiale « sans histoire » (s’ils sont banalisés, les divorces et l’absence du père sont-ils pour autant anodins ?). Aujourd’hui comme hier, le déficit de repères familiaux et le vide spirituel sont un appel d’air pour la radicalisation : « Dans les années 1970, ils se seraient tournés vers le maoïsme ou des groupuscules d’extrême gauche. Aujourd’hui, pour faire la révolution, ils ont le choix entre Tarnac et Daech », explique au Point le sociologue des religions Olivier Roy (auteur de En quête de l’Orient perdu). Et le chercheur Samir Amghar, auteur du Salafisme aujourd’hui, d’ajouter : « Aujourd’hui, les idéologies politiques ne font plus rêver. On se dit : "À quoi bon militer ?" Seul l’islam est encore vu comme une utopie
possible ».