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Rabbin Sacks : « La famille est l’institution la plus humanisante de l’Histoire »

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La rédaction d'Aleteia - aleteia - publié le 20/11/14
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L’ancien grand rabbin de Grande-Bretagne a retracé pour le colloque Humanum l’évolution de l’idée d’amour dans la transmission de la vie au fil de l’Histoire.
À l’occasion du colloque international Humanum, sur la
« complémentarité entre l’homme et la femme », le rabbin Lord Jonathan Sacks a offert aux participants réunis au Vatican une perspective juive des notions de mariage et de famille. À l’instar du christianisme, le judaïsme enseigne que nous ne sommes que moitié (contrairement à d’autres civilisations qui considèrent que nous ne sommes rien ou que nous sommes tout), une moitié qui doit s’ouvrir à une autre afin de devenir entière.

À l’époque biblique, chaque juif devait remettre une moitié de shekel au Temple afin de ne jamais perdre de vue cette condition. C’est l’aboutissement de tout ce qui constitue l’institution de la famille, et par ce biais l’idée d’amour comme vecteur de la création de la vie. Le rabbin Sacks identifie sept étapes clés vers cet aboutissement, qu’il livre sous forme d’excursus.
 
La naissance de la reproduction sexuelle, il y a de cela 385 millions d’années, est le point de départ de ce qui constitue notre actuelle civilisation judéo-chrétienne. Avant cela, toute forme de vie ne se propageait que de manière asexuelle, par division cellulaire ou bourgeonnement par exemple.

Toujours d’un point de vue biologique, Sacks évoque l’évolution physique de l’homo sapiens, qui doit composer avec un cerveau et une tête de plus grande taille, impliquant des naissances plus prématurées que chez les autres espèces, et de ce fait un besoin prolongé de protection parentale pour le nourrisson. « Cela a rendu le rôle de l’éducation parentale plus contraignant que pour les autres espèces, requérant le travail de deux personnes plutôt que d’une », remarque-t-il.
 
Plus tard, l’avènement de la monogamie marquera une étape fondamentale de l’histoire de nos civilisations, en cela qu’elle établit une égalité nouvelle entre les individus. En effet, le fait pour des hommes – généralement les plus puissants – de posséder plusieurs épouses prive d’autres hommes d’une même société de la possibilité d’avoir un jour une épouse et un enfant. Or comme le souligne le rabbin, la Genèse accorde le droit à tout individu, indifféremment de sa classe, de sa couleur de peau et de sa culture, de se marier et de transmettre la vie. « C’est pour cette raison que, peu importe la façon dont on lit l’histoire d’Adam et Ève, […] la norme présupposée par cette histoire se trouve être : une femme, un homme. Ou comme la Bible le dit elle-même : "C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair" », rappelle-t-il.

De cela découle le quatrième grand changement historique, celui de la transformation de la vie morale, avec l’idée biblique que « l’amour, et non pas l’équité, est le principe conducteur de la vie morale ». La moralité devient dès lors « l’amour entre un mari et sa femme, entre un parent et son enfant, étendu à l’extérieur du monde ».
 
C’est dans le cinquième développement que réside la partie essentielle de la pratique juive, le concept d’alliance, qui unit Dieu à l’humanité, et plus spécifiquement aux descendants de prophètes comme Noé ou Abraham. Elle repose sur le respect, la fidélité, la loyauté et la constance. L’ancien grand rabbin de Grande-Bretagne et du Commonwealth explique en outre que l’alliance a permis de comprendre une chose que l’on retrouve chez presque tous les prophètes : « La relation entre nous et Dieu, en terme de relation entre deux fiancés, entre une femme et son mari. L’amour devient ainsi non plus seulement la base de la moralité, mais également de la théologie. Dans le judaïsme, la foi est un mariage ».
 

 

Au sujet de la complémentarité, Sacks rapporte que le prophète Malachie considérait les hommes prêtres comme les gardiens de la loi de la vérité, de même que le Livre des Proverbes évoque « la loi de la gentillesse aimante » sur la langue de la femme de valeur. C’est cette complémentarité qui trace les contours de la vie spirituelle, par la combinaison masculine et féminine « de la vérité et de l’amour, de la justice et de la miséricorde, de la loi et du pardon ».

Enfin, c’est sur la place cruciale qu’occupent le foyer et la famille dans la foi juive – ses principaux remparts face à l’adversité depuis des siècles – que celui-ci a conclu son discours, citant la figure d’Abraham, qui n’a pas été choisi pour accomplir des miracles ou diriger un empire, mais bien pour être un parent.

Néanmoins, à la lumière de ces évolutions, le rabbin Sacks s’inquiète de l’actuel virage civilisationnel qui semble s’être amorcé : « Pour tout un tas de raisons, dont certaines ont à voir avec les progrès de la médecine comme le contrôle des naissances, la fécondation in vitro et autres interventions génétiques, tandis que d’autres concernent des changements d’ordre moral, tels que l’idée que nous sommes libres de faire tout ce que nous désirons tant que cela ne nuit pas à autrui, d’autres encore ont à voir avec le transfert de responsabilités de l’individu à l’État, ainsi qu’avec des changements plus profonds opérés dans la culture occidentale, presque tout ce que le mariage avait apporté a désormais été laissé de côté. Le sexe a divorcé du mariage, l’amour de l’engagement, le mariage de l’enfantement, et l’enfantement de la responsabilité de leur éducation ».

À cet égard, Shacks préconise à chacun de continuer à prôner « l’institution la plus humanisante de l’Histoire » : « La famille, l’homme, la femme et l’enfant, n’est pas un style de vie parmi d’autres. C’est l’unique moyen que nous ayons découvert pour éduquer les générations futures et permettre aux enfants de grandir dans une matrice de stabilité et d’amour […] Pour toute société, la famille est le creuset du futur [de la civilisation], et dans l’intérêt du futur de nos enfants, nous devons être ses défenseurs ».

ST

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