À l’occasion d’un discours prononcé à la FAO pour la 2e Conférence internationale sur la nutrition, le Saint-Père a mis en garde les participants contre les conséquences probables du grave problème de la pénurie de l’eau.« L’eau n’est pas gratuite, c’est ce qu’ils nous font croire. Ce grave problème peut déclencher une guerre », a lancé le pape François à l’issue de son discours prononcé ce jour lors de la 2e Conférence internationale sur la nutrition, qui se tient du 19 au 21 novembre au siège de la FAO à Rome. Il donne ainsi raison aux nombreux experts convaincus depuis des années que la pénurie d’eau sera la cause principale des futurs conflits armés.
Mais c’était avant tout pour évoquer les problématiques mondiales liées à l’alimentation que le Pape a souhaité participer à l’événement. Face aux représentants de divers États et organisations internationales, du monde agricole et de l’entreprise, François a déploré le profond manque de solidarité à l’échelle mondiale, les invitant tous à opérer des changements quant aux politiques alimentaires.
Rappelant que l’avenir de chaque peuple est de plus en plus lié à celui des autres, le Pape précise que « si l’attention à la production alimentaire, à la disponibilité des aliments et à leur accès, comme l’attention aux changements climatiques et au commerce agricole doivent certes répondre à des méthodes techniques, l’homme doit être prioritaire. La première préoccupation doit regarder les personnes qui manquent du pain quotidien, qui en sont réduites à lutter pour survivre au point de ne plus se préoccuper de leur vie sociale ni de leurs rapports familiaux ».
Le Souverain Pontife a fait sienne cette mise en garde du pape Jean-Paul II adressée à la communauté internationale en 1992 sur la question du « paradoxe de l’abondance » : « Il y a de quoi nourrir tout le monde mais tous ne parviennent pas à manger, alors même que le surplus et le rebut, la surconsommation et l’usage détourné d’aliments sont monnaie courante. Malheureusement, ce paradoxe est plus que jamais actuel. Il y a peu de sujets comme la faim auxquels on applique tant de sophismes, dont on manipule les données et les statistiques en fonction de la sécurité nationale, par corruption ou référence feinte à la crise », regrette-t-il.
Le manque de solidarité n’est en rien un problème périphérique pour François qui remarque que lorsque celle-ci fait défaut, ne serait-ce que dans une société, le ressenti est mondial, dans la mesure où elle « rend les individus capables de rencontrer l’autre et de tisser des liens fraternels dépassant toutes les différences, et par conséquent de rechercher ensemble le bien commun ».
Et le Pape de conclure par la prière « au Tout Puissant, riche en miséricorde », Lui demandant « de bénir, quelles que soient leurs responsabilités, tous ceux qui se mettent au service de ceux qui souffrent de la faim et de la malnutrition, et qui savent leur manifester concrètement leur attention. Puisse aussi la communauté internationale entendre l’appel de cette conférence et y voir l’expression de la conscience commune de l’humanité ».
ST