Le nouveau président des sénateurs UMP a demandé mercredi à François Hollande d’intervenir auprès du président pakistanais pour qu’il grâcie Asia Bibi.« Le 16 octobre dernier, la Haute cour de Lahore a confirmé la condamnation à mort d’Asia Bibi, cette chrétienne pakistanaise de 47 ans, mère de cinq enfants, emprisonnée depuis 2009. Ce qui est reproché à Asia Bibi, c’est d’avoir bu à une fontaine supposée réservée aux musulmans. Ce dont elle est prétendument accusée, c’est d’avoir "blasphémé contre le Prophète", ce qu’elle a toujours nié. La vérité, c’est que le crime d’Asia Bibi, c’est sa foi chrétienne. Et rien d’autre.
Cette foi chrétienne partagée par des millions de Pakistanais qui vivent aujourd’hui dans la terreur des accusations arbitraires et des exécutions sommaires. Car la litanie des souffrances subies par les chrétiens du Pakistan ne cesse de s’allonger. Il y a seulement quelques jours à Kot Radha Kishan, dans l’est du pays, un jeune couple de chrétiens a été battu à mort puis brulé dans le four à briques où ils travaillaient. Shehzad Masih avait 26 ans, Shama Bibi n’en avait que 24. Elle était enceinte de quatre mois.
Comme Asia Bibi, Shehzad et Shama avaient été accusés de blasphème, ce crime par la pensée, ce crime supposé dont la répression n’est rien d’autre que la violation d’une liberté fondamentale, la liberté de croyance et de conscience. Cette liberté que la France a toujours défendue et qu’elle doit continuer à défendre. Au nom du droit bien sûr, mais au nom de l’histoire également. Car comme l’affirmait le général de Gaulle, il existe "un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde". Ce pacte nous honore, mais il nous oblige également.
Il nous oblige à l’égard de tous ceux qui, de la Syrie jusqu’au Pakistan en passant par l’Irak, sont les victimes du totalitarisme du XXIe siècle, la barbarie islamiste. Et il nous oblige à l’égard d’Asia Bibi, symbole du calvaire enduré par ces minorités fragiles aujourd’hui pourchassées et persécutées dans leur propre pays, parfois même par leurs propres voisins.
Monsieur le Président, du fond de sa cellule de Multan, Asia Bibi crie son espérance dans la France. Elle a placé son destin entre nos mains. Elle a mis son espoir dans notre patrie, celle des droits de l’homme.
C’est pourquoi je vous demande Monsieur le Président d’intervenir de toute urgence auprès du Président Mamoon Hussain pour qu’il accorde sa grâce à Asia Bibi et qu’elle évite ainsi la pendaison à laquelle elle est aujourd’hui promise.
Asia Bibi, c’est la France dans le regard de ceux qui souffrent et dans le cœur de ceux qui espèrent en elle. C’est la France dans ce qu’elle a de plus indispensable au monde : une certaine idée de la liberté et de la dignité humaine. »