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La Jeanne d’Arc de Kobané existe-t-elle vraiment ?

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Sylvain Dorient - publié le 19/11/14
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Elle s’appellerait Rehana et aurait tué plus d’une centaines de djihadiste de l’État Islamique avant d’être elle-même décapitée… L’histoire est douteuse mais participe à la « guerre des images » qui fait rage sur internet.
La jolie Kurde aux cheveux blonds qui pose en faisant le V de la victoire a agité Twitter. Sa photo, reprise autour du monde, confirme une campagne de communication réussie. Et c’est une arme redoutable d’autant plus qu’une rumeur tenace veut que les djihadistes craignent d’aller en enfer s’ils sont abattus par une femme ! L’État islamique a pris cette menace très au sérieux puisqu’il a réagi en diffusant une vidéo de la décapitation de la jeune femme. Heureusement, cette vidéo est aussi fausse que toute cette histoire.
 
La jeune femme existe bien, le journaliste suédois Carl Drott l’a brièvement rencontrée. Mais elle ne s’appelle probablement même pas Réhana « un prénom qui ne sonne pas tellement kurde », explique-t-il. Au mois d’août, lorsque cette photo est prise, il la rencontre dans Kobané qui n’était pas encore assiégée, lors d’une cérémonie de volontaires. Elle s’est engagée dans la police locale assignée aux checkpoints, pas pour être envoyée au front.

Impossible d’en savoir plus sur le sort de la jeune femme, le journaliste n’est pas parvenu à la joindre, mais toute l’histoire a été brodée à partir d’une photo. Le fruit peut-être de la propagande kurde, peut-être simplement le jeu de la rumeur sur les réseaux sociaux. De toute façon, explique le journaliste, il est « hautement improbable » que la jeune bénévole ait tué une centaine de djihadistes, comme c’était affirmé sur les réseaux sociaux, car même les combattants entraînés et engagés sur le front n’en ont jamais tué autant.
 
Ce n’est pas la première fois que les combattantes de l’YPJ (Unité de protection des femmes kurde) sont mises en avant par les médias et la propagande kurde. Lors des assauts de septembre sur Kobané, une femme qui avait accompli un attentat suicide était devenue l’icône de la défense de la ville : les Kurdes avaient même affirmé qu’elle avait détruit un tank de l’État Islamique.
 
Il faut dire que la ville de Kobané, dont peu de gens en Occident connaissaient le nom il y a seulement deux mois, est devenu le symbole de la résistance à l’État islamique. Elle a tenu le choc contre toute attente face aux assauts pendant les mois de septembre et d’octobre, finalement aidée apr des frappes aériennes ciblées de la Coalition. Elle a également récemment reçu le renforts de 150 peshmergas irakiens. Rien n’est gagné cependant. Ni perdu, car la force du symbole de la chute de cette ville serait fort.

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