À l’occasion d’un colloque international au Vatican, le cardinal livre des pistes de réflexion sur la complémentarité de l’homme et de la femme.
De quelle manière Dieu se manifeste-t-il dans la complémentarité entre homme et femme ? Telle est la question à laquelle le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi a apporté son éclairage, en introduction d’un grand colloque international intitulé « La complémentarité de l’homme et de la femme » (1), qui se tient en ce moment au Vatican.
Pour appréhender la question de cette complémentarité entre les deux sexes masculin et féminin, le cardinal Gerhard Müller pose comme principe fondateur que nous ne sommes pas auto-suffisants, une nature inhérente à l’homme qui démontre le caractère inadéquat du nombrilisme postmoderne, et replace le mystère de Dieu au centre de la problématique.
Müller fait siens ces versets du Livre des Proverbes pour illustrer le mystère de la sagesse du plan divin : « Il y a trois choses qui sont au-dessus de ma portée, même quatre que je ne puis comprendre : la trace de l'aigle dans les cieux, la trace du serpent sur le rocher, la trace du navire au milieu de la mer et la trace de l'homme chez la jeune femme » (Prov. 30, 18-19). Les trois énigmes en question ou les principaux éléments cosmiques, à savoir l’air, la terre et l’eau sont évoqués au premier chapitre de la Genèse, la création de l’ordre terrestre par Dieu, qui atteint son sommet par la création de l’homme et de la femme, « en nous invitant ainsi à considérer la quatrième énigme de la "trace de l’homme sur la femme" comme l’aboutissement de tous les chemins par lesquels le Créateur se manifeste à la création, et la propulse en Lui ».
Comme le souligne encore l’ancien archevêque de Ratisbonne, cette « trace de l’homme chez la jeune femme » peut aussi bien se référer à l’union conjugale qu’à la mise au monde d’un enfant. Ainsi, cette différence entre l’homme et la femme, « que ce soit dans l’union d’amour ou la transmission de la vie, a trait à la présence de Dieu au monde, que tout homme est appelé à découvrir afin de trouver un fondement solide et durable, et une destinée pour sa vie ».
La Bible nous fait comprendre par le biais d’Adam et Ève que la différence sexuelle est là précisément pour nous permettre de nous comprendre nous-mêmes à la lumière de l’autre. Le corps humain dès lors, dans sa différence sexuelle, n’est en rien « le résultat du hasard d’une évolution aveugle ou d’une détermination anonyme d’éléments », elle permet en outre d’imprégner l’homme et la femme de l’idée qu’il manque quelque chose en eux, un manque qu’ils ne pourront combler que par le biais du sexe opposé.
« Nous devons comprendre que, tandis que dans le mythe de l’Androgénie l’homme et la femme sont deux moitiés d’un être humain, dans les Écritures, Adam et Ève sont mesurés non seulement suivant leur relation mutuelle, mais surtout par le point de départ de leur relation à Dieu […] ils partagent la même humanité, la même incarnation, et la différence sexuelle n’implique pas la subordination de l’un à l’autre », affirme Mgr Müller, qui rappelle pour l’un et l’autre le devoir essentiel de transmettre la présence du Créateur à l’enfant, qui sera ouvert à son mystère par la perception de la différence sexuelle.
« Pour cette raison, poursuit-il, lorsque la différence n’est pas intégrée dans la vie d’une personne – tâche qui est toujours durement menée et qui requiert de l’effort et du temps pour s’ouvrir à autrui – il est impossible de clarifier et d’accepter sa propre identité, de même que de trouver le but de la vie. Cela ouvre la voie à l’action miséricordieuse de l’Église, et de toutes les religions, envers les personnes qui ont été blessées ».
Et de conclure par cette puissante assertion du pape François, tirée de son Encyclique Lumen fidei : « Le premier environnement dans lequel la foi éclaire la cité des hommes est donc la famille. Je pense surtout à l’union stable de l’homme et de la femme dans le mariage. Celle-ci naît de leur amour, signe et présence de l’amour de Dieu, de la reconnaissance et de l’acceptation de ce bien qu’est la différence sexuelle par laquelle les conjoints peuvent s’unir en une seule chair (cf. Gn 2, 24) et sont capables d’engendrer une nouvelle vie, manifestation de la bonté du Créateur, de sa sagesse et de son dessein d’amour ». (Lumen fidei, n. 52)
(1)Le colloque international sur la complémentarité de l’homme et la femme est un rassemblement de chefs religieux et d’experts renommés présentant à nouveau la beauté de l’union d’un homme et d’une femme dans le mariage. L’événement qui prend fin ce mercredi est soutenu par la Congrégation de la doctrine de la foi et par le Conseil pontifical pour la famille, le Conseil pontifical du dialogue interreligieux et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité chrétienne. Voici une vidéo de présentation du projet :
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