Le gouvernement de Kiev se prépare à affronter les séparatistes de l’est du pays, épaulés par des renforts russes. Une véritable guerre pourrait reprendre après deux mois d’une trêve relative.« La violence augmente de jour en jour, le cessez-le-feu n’en a plus que le nom », déplore le géneral Philip Breedlove, commandant en chef des forces alliées de l’Otan en Europe. Il affirme que des convois militaires russes seraient venus renforcer les séparatistes qui affrontent l’armée ukrainienne. Moscou proteste et dénonce la « propagande occidentale ».
Ce devait être officiellement une simple « opération antiterroriste » dirigée par les forces spéciales ukrainiennes contre les séparatistes pro-russes. Les combats débutés à la mi-mai ont révélé que les rebelles étaient motivés, bien armés et difficiles à vaincre. On dénombrerait déjà 4 000 tués – selon une estimation basse – durant les quatre mois qui ont abouti au fragile cessez-le-feu de septembre. Pour les séparatistes, qui ne disposent pas d’aviation et de peu d’armes lourdes, la situation est difficile, mais le pouvoir de Kiev doit de son côté faire face à des difficultés de politique intérieure et surtout de redoutables défis économiques.
L’hiver vient
Les températures passent déjà sous la barre de 0°C en ce mois de novembre et l’équation énergétique du pays se complique avec la baisse des températures. La région du Donbass, tenue par les séparatistes, possède les plus grandes mines de charbon du pays. C’est aussi là que se dresse l’un des plus grands complexes métallurgiques du monde ; sa perte prive Kiev d’une ressource indispensable. Pour ses approvisionnements, le pays dépend désespérément du gaz de Moscou, d’abord pour des raisons de proximité géographique, ensuite pour des raisons de coût : la situation ukrainienne est telle qu’un pays lui vendant du gaz pourrait être en droit de craindre de ne jamais être payé en retour.
Par le passé déjà, Moscou a su utiliser l’arme de l’approvisionnement en gaz contre laquelle Kiev n’a que des moyens de défense dérisoires, comme de priver ses citoyens d’eau chaude pour limiter la consommation d’énergie. Ce fut le cas au mois d’août, mais l’hiver approche et il n’y a pour l’heure pas d’autre solution que le gaz russe pour chauffer les grands ensembles collectifs des villes ukrainiennes.