Le grand rassemblement de soutien aux chrétiens d’Orient organisé les 7 et 8 novembre par le diocèse de Nantes a réuni plusieurs centaines de participants.
Des images de la télévision ou du Net à la réalité vécue et racontée par ceux qui ont traversé et vivent encore une véritable tragédie en Irak, il faut accrocher sa ceinture de sécurité comme a déclaré un jeune Irakien Bashar Jameel Hanna qui animait la veillée de prière samedi dernier à Saint-Nicolas à Nantes. Cette immersion dans la douleur des chrétiens d’Irak a commencé vendredi soir par un dîner de soutien qui a rassemblé au Loquidy à Nantes plus de 400 personnes de tout le département, de Vendée et du Maine-et-Loire. Le diocèse de Nantes ne pouvait pas rester indifférent devant le drame qui se joue à quelques milliers de kilomètres et qui touche des familles ici déjà exilées de leur terre depuis quelques années.
Lire le discours d’accueil du père Benoît Bertrand, vicaire général du diocèse de Nantes
La présence exceptionnelle et le témoignage émouvant de l’archevêque syro-catholique de Mossoul/Qaraqosh nous a rapprochés encore plus de ces dizaines de milliers de chrétiens victimes des djihadistes. Les familles irakiennes présentes étaient heureuses et émues de se retrouver autour d’un de leurs pasteurs pour avoir des nouvelles, savoir ce qui se passe réellement en Irak ou encore quel avenir ils peuvent entrevoir. Parmi elles, des femmes âgées et jeunes qui viennent d’arriver ici chez nous, éprouvées par le fait de devoir tout quitter sans savoir un jour si elles reverront leur terre, leur maison, leurs proches restés là-bas. Je pense à Ansam notamment, toute jeune femme, jeune mariée, qui ne parle pas le français, très peu l’anglais, encore épuisée de ce long périple… et dont le mari n’a pas pu obtenir de papiers pour venir avec elle. Séparation cruelle que celles de familles entières, sort commun à tous les exilés de la terre, chassés à cause de leur foi, de leur ethnie ou à cause des guerres…
Ce vendredi soir dans la salle du Loquidy, un mélange de joie, de peine, d’espérance et de douleur réunissaient en un seul cœur tous les convives qui, avec beaucoup de générosité, ont répondu à l’appel ! Et que dire de ces jeunes bénévoles étudiants ou non, scouts, qui eux aussi ont répondu à l’appel sans condition et qui ont aidé jusqu’au bout sans compter ! Comme quoi la jeunesse est belle et on peut compter sur elle! Belle opportunité pour ces jeunes d’en rencontrer d’autres, des irakiens plein d’espérance comme eux, dont la soif de paix et de bonheur est infinie, et dont la foi est débordante ! Merci à toutes les personnes qui se sont mobilisées et merci aux familles chrétiennes d’Irak dont le courage nous pousse en avant. Lors de ce diner, les échanges ont été nombreux ! Mieux connaitre les chrétiens d’Irak et leur tradition, leur pays, tel était aussi le but de la soirée.
Lire le témoignage de Mgr Petros Moshé, archevêque syro-catholique de Mossoul/Qaraqosh
L’Oeuvre d’Orient était présente à cette soirée avec la présence de Catherine Baumont, directrice de la communication qui a su également nous sensibiliser pour agir. Elle a rappelé les différentes actions en cours et les démarches de Mgr Pascal Gollnisch, directeur, qui inlassablement alerte l’opinion et les pouvoirs publics sur ce que vivent les chrétiens d’Orient et particulièrement les chrétiens d’Irak. L’occasion aussi pour Jean-Yves Fustier, délégué local, de se présenter. Suite au dîner, le lendemain, les familles ont pu enfin participer à la messe en la basilique Saint-Nicolas, célébrée en rite chaldéen par Mgr Moshé.
Le soir, la veillée animée par Bashar n’a laissé personne indifférent. Bashar a perdu une dizaine de ses amis dans l’attentat de la cathédrale de Bagdad en 2010. Depuis, il ne cesse de témoigner un peu partout et encore plus depuis les exactions des djihadistes. Il a donc au son de son luth et par des films vidéo invités l’assemblée nombreuse à parcourir l’histoire de l’Irak : de ce pays luxuriant à la culture multi millenaires, berceau de la civilisation, dont la richesse patrimoniale et biblique était extraordinaire, à aujourd’hui qui n’est plus que ruine et désolation dans une bonne partie du pays. Il nous a invité aussi à faire mémoire de ces fidèles et prêtres tués à Bagdad. Comment ne pas être touchés par ces vies données, prises un dimanche pendant la messe… et tant d’autres traumatisés à jamais.
Les familles irakiennes ont pleuré ce samedi à Nantes car le monde n’a toujours pas compris ce qui se jouait là, ce qui se joue encore aujourd’hui. Nous avons tous prié pour la paix avec l’espérance chevillée au cœur pour qu’elle puisse advenir. Temps également de joie à la paroisse Notre-Dame de Nantes dimanche pour ce déjeuner convivial, entre irakiens et paroissiens nantais, qui a suivi la messe dominicale toujours en présence de Mgr Moshé. Merci à chacun du fond du cœur, à tout ceux qui ont fait un donet rendu possible ce week-end. Rappelons que tous les dons sont destinés aux chrétiens d’Irak via l’Oeuvre d’Orient. Il est encore toujours possible de faire des dons. Les besoins sont énormes. Ne baissons pas la mobilisation par la prière et l’aide matérielle. Ils comptent sur nous plus que jamais. Nous n’oublions pas non plus les chrétiens de Syrie et tous les réfugiés en Jordanie, au Liban…