Cette frappe de l’armée de l’air américaine aurait touché une cinquantaine de responsables de Daesh.
L’État-major américain confirmait samedi dans un communiqué qu’une frappe de l’armée de l’air avait ciblé les chefs de l’État islamique (EI) près de la ville de Mossoul en Irak, vendredi. Le communiqué de l’armée américaine ne précise pas si Bakr al-Baghdadi, le calife autoproclamé de Daesh, fait partie des victimes de la frappe. Aujourd’hui, lundi 10 novembre, un compte Twitter récemment ouvert au nom du ministre irakien des affaires étrangères, Ibrahim al-Jaafari, affirmait que Bakr al-Baghdadi était mort. Mais il est hautement probable que ce profil, dénué de tout historique, soit en réalité une usurpation d’identité.
Le bombardement visait un convoi d’une dizaine de véhicules armés de l’EI. D’après un responsable de la morgue de Mossoul, une cinquantaine de corps ont été amenés après l’attaque. Selon le ministre de la Défense irakien, Khaled al-Obeidi, le raid aurait également permis de tuer le bras droit d’al-Baghdadi, un musulman turkmène. La télévision irakienne a pour sa part annoncé la mort d’un autre dirigeant clé de Daesh, Abou al-Yamani Huthaifa, tué dans un attentat à Falloujah. Enfin, des sources au sein des services de sécurité irakiens ont divulgué les noms d’un certain nombre de dirigeants de l’État islamique tués lors du bombardement mené par la coalition internationale contre le siège d’Abu Bakr al-Baghdadi près de Mossoul : Aasalmana Awad, mufti de Qaim (ville frontière avec la Syrie) ; Samer Mohammed Al Mahlawi, responsable de la sécurité de Qaim ; Mekianan Abboud Mihidi, de la ville de Rawa (située au bord de l’Euphrate) ; Abu Zahra Mohammadi, responsable dans les villes d’Al Bukamal (ville syrienne à la frontière avec l’Irak) et de Qaim.
Un pseudo califat qui s’étend sur deux pays
Le « calife » a donné à son organisation, initialement simple groupuscule vassal d’Al-Quaïda, une dimension effrayante : l’État islamique s’étend sur deux pays, dispose d’une fortune immense et fait trembler l’Irak comme la Syrie. Emprisonné avec d’autres futurs compagnons d’armes à Camp Bucca par l’armée américaine,
al-Baghdadi avait finalement été relâché. On le verra réapparaître à la tête de l’État Islamique en Irak ou Al-Quaïda en Irak. Comme son nom l’indique, il s’agit de la branche irakienne de l’organisation terroriste d’Oussama Ben Laden. Mais Bakr al-Baghdadi annonce le 8 avril 2013 la fondation de l’État islamique en Irak et au Levant, dont le champ d’action couvre l’Irak et la Syrie.
Il sort alors de son « cahier des charges », et entre en confrontation avec la branche d’Al-Quaïda dédiée à la Syrie Jabhat al-Nusra ou Al-Nosra. Les deux groupes s’opposent les armes à la main, et la ville de Raqqa passe aux mains du groupe d’al-Baghdadi. Pourtant, le coup le plus dur pour Al-Nosra ne vient pas de la confrontation armée mais de la défection : près de 80 % de ses combattants étrangers désertent pour rejoindre l’État islamique en Irak et au Levant. De nombreux groupuscules armés en Irak et en Syrie le rejoignent, ce qui explique sa montée en puissance fulgurante, jusqu’à l’invasion du nord du pays et la prise de Mossoul. La mort d’al-Baghdadi pourrait poser un problème sérieux à l’unité de l’État islamique, assemblage hétéroclite de nationalités diverses et de groupuscules.
Une pression grandissante des USA
Le bombardement de vendredi confirme la pression grandissante que l’administration Obama fait peser sur l’État islamique. Le président des États-Unis a annoncé qu’il doublerait le personnel militaire américain en Irak, ce qui porterait leur nombre à 3 100. Ce sont essentiellement des instructeurs qui ont pour vocation de former l’armée régulière irakienne. Les frappes aériennes de la coalition en Irak et en Syrie sont quotidiennes ; elles ont notamment visé ce week-end un champ pétrolier selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OCDH). De son côté, l’État islamique frappe Baghdad avec ses voitures piégées : samedi, elles auraient fait 33 morts et une centaine de blessés.