Comme le souligne le rapport annuel du Secours catholique, intitulé « Ces pauvres que l’on ne voit plus », la paupérisation ne cesse de s’aggraver en France.
Le rapport pour l’année 2013 de l’association du Secours catholique, publié jeudi, fait état d’une paupérisation notable de la population, avec 50 000 cas signalés de plus qu’en 2012, portant le nombre de personnes prises en charge par des bénévoles à près d’un million et demi.
De plus en plus d’hommes seuls
L’association fondée il y a bientôt 70 ans par l’abbé Rodhain déplore notamment trois aggravations, à commencer par les conditions de vie précaires de nombreux hommes seuls. Des précarités souvent silencieuses mais bien réelles puisque ceux-ci représentent 23 % des bénéficiaires de l’association (soit 141 000 personnes), contre 17 % de femmes. Beaucoup d’entre eux connaissent un isolement total et ont du même coup manifesté un besoin d’écoute plus important, ce qui fait de la France une exception en Europe.
La tendance s’inverse cependant chez les seniors, en proie à une pauvreté accrue depuis dix ans (passant à un taux de 5 % en 2000 à un taux de 8,5 % en 2013 chez les plus de 60 ans), et dont les femmes sont les premières victimes. Enfin, les Français ont vu leur niveau de vie chuter considérablement au cours des dernières années et sollicitent notamment de plus en plus d’aide (20 % de requête en 2013) pour faire face à la précarité énergétique, qui constitue – avec le logement – la première source d’impayés.
Être attentif, chacun, à son prochain
À la lumière de ces constats statistiques, le Secours catholique a interpelé tout d’abord le président de la République en attirant son attention sur les 8,5 millions de personnes (dont 3 millions d’enfants) victimes du paupérisme. Mais il s’adresse avant tout aux citoyens dans leur individualité, devant le constat d’un grave délitement du lien social dans notre société, qui interroge nos capacités de solidarité. En effet, la solidarité en elle-même est l’apanage de l’être humain, de l’individu, et ne peut de fait émaner de politiques publiques, comme le rappelle Bernard Schricke, directeur de l’Action France du Secours catholique au micro de Radio Vatican : « Notre appel invite tout un chacun, les simples citoyens, à se réunir et se mettre ensemble autour d’une table pour rechercher sur des territoires à taille humaine des solutions pour lutter concrètement contre la pauvreté au plan local. On sait que la pauvreté génère de l’isolement, il est donc nécessaire d’unir les forces des acteurs d’un même territoire, pour se demander concrètement comment chacun peut agir à son échelle, sans tout attendre de la loi et du développement économique. Cela commence par prendre le temps d’accueillir, d’écouter, de comprendre ou d’exprimer une forme de compassion au sens plein du terme envers la personne qui se trouve à ce moment là fragilisée. Tout le monde peut jouer un rôle en ce sens. Nous sommes sur une double interpellation à la fois une interpellation des autorités politiques qui ont un travail à faire, mais nous devons avant tout, en tant que citoyens, être attentifs à ce que l’on fait de notre prochain ».
ST