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« Je suis à l’heure », un court-métrage pour dénoncer la non-assistance à personne en péril

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Solène Tadié - publié le 30/10/14
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Le court-métrage en lice pour le Nikon Film Festival s’inspire de la sordide affaire de la jeune femme agressée dans le métro lillois en avril dernier.Le film d’un peu plus de 2 minutes a déjà fait le tour de la toile. « Je suis à l’heure », réalisé par Isabelle Quintard et Fabien Motte, met en scène un homme d’une trentaine d’années en costume cravate sur le quai d’une gare RER. On l’entend expliquer à ce qui semble être sa compagne qu’il doit se rendre à La Défense pour un entretien d’embauche, puis il pénètre dans le wagon. C’est là qu’intervient, en arrière-fond, la conversation entre un homme et une jeune femme, laquelle lui demande instamment de la laisser tranquille.  « Tu vas où ? … T’as un mec ? », demande l’assaillant que la victime tente par tous les moyens de repousser. Et lui de se faire plus agressif : « Ferme ta gueule !… Viens-là… Je suis sûr que t’aimes ça ! »

Aucune image, seulement du son, ce qui ne fait qu’accroître le malaise du téléspectateur. La jeune femme est violée tandis que les passagers échangent des regards tendus, ou préfèrent regarder leurs chaussures. Le RER arrive à La Défense, le protagoniste en sort, abasourdi, l’espace de quelques secondes. Puis il reprend son téléphone et rassure la personne au bout du fil : « Oui, je suis à l’heure, oui ».

Je suis à l'heureVidéo  

Une indifférence par trop familière
Ce court-métrage a quelque chose de très dérangeant, et pour cause. Nous avons tous au moins une fois été les victimes ou les témoins d'une agression publique. Et ce scénario n’est bien sûr pas sans rappeler l’affaire de la jeune femme agressée sexuellement en avril dernier, dans une rame du métro lillois 30 minutes durant, sous l’œil impassible des nombreux passagers. L’agresseur avait écopé d’une peine de 18 mois d’emprisonnement ferme, et le procureur de Lille avait alors ouvert une enquête pour déterminer si la charge de non-assistance à personne en péril pouvait être retenue à l’encontre des passagers inertes. Mais ces derniers n’ont évidemment jamais été retrouvés.

Plus récemment, en début de mois, l’agression à Roubaix d’une étudiante âgée de 18 ans rouée de coups par trois autres jeunes filles en pleine rue, avait scandalisé l’opinion. Au cours des derniers mois, de nombreuses vidéos montrant des agressions de jeunes filles ont été publiées sur les réseaux sociaux, soulevant chaque fois de grandes vagues d’indignation et de dénonciation de la lâcheté généralisée.
 
Pourtant, le fait de voler au secours d’une victime peut coûter très cher à celui qui se dévoue, outre le risque d’en sortir blessé. C’est l’amère découverte qu’a faite la semaine dernière un jeune homme qui encourt une peine de deux mois de prison avec sursis, pour avoir défendu sa collègue agressée sexuellement dans une boîte de nuit : Arnaud, âgé de 37 ans, s’était interposé alors qu’il avait aperçu un homme en train de s’adonner à des attouchements sur sa collègue, endormie sur une banquette de l’établissement. C’est l’agresseur qui lui a porté le premier coup. Néanmoins la justice française considère la réponse d’Arnaud disproportionnée, celui-ci ayant rendu deux fois le coup. Le jugement sera rendu le 21 novembre. L’avocat d’Arnaud a rappelé qu’ « à une heure où l’on reproche aux passants, dans le métro ou ailleurs, de ne pas intervenir lorsqu’ils sont témoins d’une agression, son attitude est celle d’un citoyen exemplaire ».
 
 

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