Première journée des travaux du Synode sur la famille : retour sur l’influence d’Aparecida sur l’Assemblée, la doctrine, la pastorale, la souffrance des couples séparés…
Lundi 7 octobre a été présenté au Vatican le « Rapport avant le débat général » en salle (Relatio ante disceptationem) de la IIIe Assemblée générale du Synode des évêques sur la famille qui prendra fin le 19 octobre prochain. Dans la salle Jean-Paul II a été convoquée une conférence de présentation en présence du cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris (France) ; du président délégué, le cardinal Erdö, archevêque d’Esztergom-Budapest (Hongrie); rapporteur général, Mgr Bruno Forte, archevêque de Chieti-Vasto (Italie), secrétaire spécial; et de Mgr Carlos Aguiar Retes, archevêque de Tlalnepantla (Mexique) et président du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM).
L’influence de l’Eglise latine au sein du Synode
Mgr Aguiar Retes, à l’époque vice-président de la Ve Conférence épiscopale latino-américaine, rappelle les différences de méthode entre Aparecida et l’actuel synode extraordinaire sur la famille. Sans nier, par ailleurs, qu’ils ont des éléments communs. Une première différence : le fait de réunir 22 conférences latino-américaines par rapport aux 114 conférences épiscopales du monde entier. « La langue (19 conférences épiscopales parlant espagnol), l’histoire, la manière d’être des communautés dans nos pays, notre rythme épiscopal pastoral en tant qu’Eglises et la relation fréquente que nous avons de services pastoraux et de communication entre les évêques depuis plus de 60 ans, font qu’instantanément tous les membres convoqués à une conférence sont déjà informés de ce qui se passe dans d’autres pays de la région », a expliqué Mgr Retes. Et, reconnaît-il, « dans ce sens, cette situation permet à l’Eglise latino-américaine d’avancer plus vite dans les problèmes et les conclusions communes ».
Les évêques latino-américains partagent les problèmes du continent Le présent synode et les assemblées des évêques latino-américains veulent la même chose : avancer dans des solutions pastorales avec un « magistère partagé » par plusieurs conférences épiscopales (approuvé par le Pape), une réflexion entre évêques qui ensuite se conclut par un document, également approuvé par le pape. En revanche, au Synode, l’exposé final revient au pape. La collégialité est pour débattre des questions, qui se traduiront dans un document final.
Un document du Magistère de l’Eglise universelle
Au Synode, le travail se fait au sein de cercles linguistiques, qui n’autorisent pas une plus grande interaction entre les différents continents et les langues. En même temps, reconnaît le cardinal mexicain, cela contribue à ce que, dans la diversité culturelle, l’Eglise latino-américaine puisse concourir à l’unité et la communion avec les autres Eglises du monde.
Mgr Aguiar Retes a rappelé la réflexion sur la famille menée par le CELAM au Panama, qui a servi de préambule au Synode du Vatican. Il a résumé ainsi les problèmes les plus urgents de la famille en Amérique latine: migration, inégalité, absence d’une éducation de qualité, violence domestique… Pédagogie du chemin synodal Le président du CELAM, Mgr Carlos Aguiar Retes, a souligné que le Synode applique l’enseignement de Evangelii Gaudium sur le " constant discernement pastoral» de l’Église » qui est ‘un discernement de communauté» plutôt qu’individuel. “Quand le pape François nous a appelés à renouveler notre façon d’être Église, et à prêter attention au discernement pastoral, on voit qu’à la tête de l’Eglise il fait de même en nous ayant convoqué à ce synode pour un chemin de consultation, et en attendant le prochain Synode ordinaire (2015).
Mgr Aguiar Retes a réfléchi sur le discernement comme une pédagogie qui requiert du temps, afin de “relever réellement les situations que vit le monde, dans le présent cas : la famille ». Il a souligné le service que rend l’Eglise dans la diffusion des valeurs et de la foi. C’est le processus que nous entamons, a-t-il expliqué, la collecte de toutes les contributions des conférences épiscopales et des fidèles et de leurs situations ”: les mettre en commun pour ensuite “prendre les décisions” nécessaires sur une “question aussi importante” que la famille.
Changement de méthode
Le pape François a introduit des nouveautés dans la méthodologie du synode, a confirmé le cardinal Péter Erdö: la langue officielle du Synode n’est plus l’italien mais le latin, les discours des 191 Pères synodaux sur la famille ont été divulgués avant la présentation (Rapport avant la discussion). La Relatio (Rapport) aide les participants à connaître d’avance les différentes positions sur certains sujets abordés en salle.
À cet égard, le rapporteur général a prévenu que des modifications pourront être introduites dans les textes, compte tenu des improvisations et des changements qu’apporteront les rapporteurs. “Notre travail sera de synthétiser la voix de l’Eglise universelle", a déclaré le rapporteur général de l’assemblée. Le père Federico Lombardi a expliqué que, après la présentation de la méthode et des thèmes de la première Assemblée, quelques cardinaux prendront la parole au cours de la première journée pour exprimer leurs impressions de la journée. Les cardinaux Martínez Sistach, Marx et Marandiaga effectueront quelques “interventions libres”, donnant leur appréciation de la méthode et de l’importance de certaines questions de foi.
Doctrine et pastorale
Le Cardinal Erdö n’exclut pas qu’il y ait un échange entre la doctrine et les aspects pastoraux pour résoudre les questions épineuses de la famille. "La formule indiquée dans le synode est une formule pastorale." Toutefois, il a reconnu que "les problèmes pastoraux impliquent" aussi "des problèmes doctrinaux". « Personne ne veut exclure les aspects doctrinaux. Dans le rapport de ce matin, j’ai mentionné que pour accepter une nouvelle proposition pastorale, il faut entrer dans le dialogue théologique ”. Ce qui signifie que l’on aborde “ des questions sociologiques, mais aussi doctrinales”.
Nous apprenons ce qu’est la synodalité
Pour sa part, Mgr Bruno Forte a expliqué que Paul VI a voulu que le synode soit un «chemin commun» sur la vie de l’Eglise. Le secrétaire spécial du Syn
ode a assuré que “au bout de quelques décennies, nous apprenons cette synodalité”. Il a cité les paroles du Pape François au cours de la séance d’ouverture des travaux : le Pape invite à la synodalité (collégialité), à la parrasia (franchise) et à écouter l’autre avec humilité”.
A propos du questionnaire, Mgr Forte a souligné la forte participation de l’Eglise, dans le débat sur la famille, exprimée dans l’adhésion de 84% des conférences épiscopales dans le monde et qui a facilité la diffusion de questionnaires (38 questions sur la famille) adressés aux fidèles dans les paroisses.
Réforme du Synode et miséricorde envers les familles qui souffrent
Mgr Bruno Forte a assuré que «le Synode" par rapport aux précédents semblait très "rigide", avant les réformes faites par le pape Benoît XVI (dernier synode 2005), qui ont permis de réduire le temps et d’accorder plus de place aux travaux de discussion. Cela a également permis aujourd’hui la liberté de débat et de sortir de la «rigidité» du passé. Le secrétaire du synode spécial a également parlé des familles qui souffrent de division, de violence et d’incompréhension. «La doctrine n’a pas une valeur abstraite. Comme l’a dit Jean XXIII, il s’agit du salut des âmes ». Et il a insisté pour que, au centre du débat, il y ait la foi et la miséricorde. Il est nécessaire d’avoir un “regard de tendresse envers les personnes ”. Et il a mentionné la souffrance des personnes séparées. “Nous devons regarder ces personnes avec miséricorde en raison de leur souffrance ”.
Benoît XVI ne participera pas au Synode
Le porte-parole du Vatican a confirmé que le pape émérite ne participera pas au Synode en raison de l’exigence d’un «programme intensif". “Nous espérons tous le voir à la béatification (19 octobre) de Paul VI”, a dit le père Lombardi. Le Pape émérite continuera à mener une “vie de prière et cachée ” à l’intérieur des murs du Vatican.
Traduction de l’espagnol par Elisabeth de Lavigne