En divisant par trois la prime de naissance et en coupant hypocritement en deux le congé parental, le gouvernement démontre une nouvelle fois son mépris des familles et jette de l’huile sur le feu…à quelques jours de la Manif pour tous.Provocation ou inconscience ? Présenté hier soir, 29 septembre, par Christian Eckert, secrétaire d’Etat au Budget, Marisol Touraine, ministre de la Santé et des Affaires sociales, et Laurence Rossignol, secrétaire d’Etat chargée de la Famille, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour le budget 2015 marque une rupture sans précédent avec la politique familiale qui a permis à la France de résister mieux que ses voisins à l’hiver démographique.
Trois très mauvaises nouvelles pour les familles : une réduction drastique de la prime de naissance du deuxième enfant – divisée par trois !-, la majoration des allocations familiales pour les adolescents différée de 14 à 16 ans et, surtout, un « jeu de passe-passe » (Le Parisien), une véritable « fourberie » (Le Point) : au prétexte de favoriser le retour des jeunes mères sur le marché de l’emploi, le gouvernement réduit à dix-huit mois leur congé parental, contre 36 mois indifféremment répartis au sein du couple aujourd’hui. Intolérable liberté ! Car, ô scandale, ce congé est pris à 96 % par les mères ! Les pères sont donc cyniquement sommés de récupérer les mois enlevés aux mères au nom de la loi sur l’égalité homme-femme (votée dans la torpeur estivale). Ainsi le gouvernement compte faire « avaler » aux Français que le père peut et même doit se substituer à la mère auprès du tout jeune enfant !
Tout cela est bien dans la cohérence perverse du « parent 1 », « parent 2 » : 18 mois chacun de congé parental, et pas un jour de plus pour la mère, quoi que désirent les parents ! A-t-on jamais vu « dans la vraie vie », les pères se substituer aux jeunes mamans au risque de perdre leur emploi ou de geler leur carrière alors que ce sont eux qui assurent le principal revenu du foyer ? En effet, contrairement à ce qu’a soutenu avec aplomb Najat Vallaud-Belkacem et d’autres caciques socialistes lors des débats parlementaires sur le projet de loi d’égalité homme-femme, l’écart moyen de revenu entre les hommes et les femmes vivant en couple et travaillant tous deux à plein temps n’est pas de 4% mais… de 74% ! Beaucoup de femmes en effet travaillent à temps partiel, mais même dans les familles où les deux conjoints travaillent à plein temps, l’écart de salaire moyen entre eux est de 27% (en 2011, les femmes gagnaient en moyenne 16.700 euros par an et leur conjoint 29.000 euros …). Ce lièvre a été soulevé par Le Mouvement mondial des mères en analysant ce document de l’INSEE : « …si dans 38% des couples, il y a moins de 20% d’écart de revenu entre l’homme et la femme, dans 62% des cas, cet écart est supérieur à 20%. Comment imaginer que ces familles-là qui constituent la majorité des cas pourront partager le congé entre les deux parents ? »
Concrètement, les familles sont non seulement appauvries mais « plantées » : il manque 100 000 places de crèches qui ne sont pas près d’être financées avec nos comptes en berne. « Il s’agit de faire des économies de façon odieuse, s’indigne Le Mouvement mondial des mères : on supprime aux parents l’allocation de congé parental mais on ne leur assure en aucune façon une possibilité de mode de garde de remplacement. »
Actuellement, une mère sur deux prend un congé parental à la naissance de son deuxième enfant et 80% le font à la naissance de leur 3ème enfant. Dans 73% des cas, les mères de deux enfants restent en congé parental jusqu’aux 3 ans de l’enfant, et dans 87% des cas pour un troisième enfant (source : CNAF). Ce sont donc la plupart des jeunes familles qui vont être pénalisées par cette réforme.
Combien rapportera-t-elle, au fait ? « 700 millions d’euros, soit à peine plus du double de ce qu’a coûté la grève des pilotes d’Air France » selon Le Point. Mais pénaliser les familles, c’est « idéologiquement correct », et beaucoup plus simple que de corriger la gestion calamiteuse de la branche famille du régime général de la Sécurité sociale qui lui a fait perdre 1,4 milliard d’euros en « erreurs et anomalies » dans le versement des prestations.
Toutes les associations familiales sont vent debout. Et les Associations Familiales Catholiques appellent leurs adhérents à participer à la Manif pour tous le 5 octobre (Aleteia). Parions qu’elles seront largement entendues !