A Buenos Aires, une exposition des célèbres poupées en icônes religieuses fait scandale.
Il était évident que la communauté chrétienne n’apprécierait pas cette exposition, et c’était peut-être le but : deux artistes argentins font scandale dans le monde entier, avec leur prochaine exposition de la collection “Barbie, la Religion de plastique ». Cette exposition sera présentée dans une galerie d’art contemporaine située à La Boca, en Argentine.
Les responsables de cette exposition intitulée "Barbie, la Religion de plastique", le duo d’artistes Pool&Marianela (Marianela Perelli et Pool Paolini) y exposeront les célèbres poupées Barbie y Ken, de Mattel, mais habillées de façon à représenter différentes figures religieuses. Parmi les 33 personnages représentés, on retrouve une majorité de représentations mariales, comme la Vierge de Guadalupe, de Luján ou d’Aparecida, quelques-unes se référant à Jésus-Christ, à différents saints, voire à des cultes non agréés par l’Eglise comme la Difunta Correa ou Gauchito Gil (personnages mythiques argentins), et même quelques figures hindous. Paradoxe d’un respect à géométrie variable, les artistes ont expliqué sur leur page Facebook ne pas avoir fait de représentations de Mahomet parce qu’il “est interdit de le faire “ et qu’il n’existe pas d’images de lui ”. “Nous respectons la communauté musulmane comme toutes les autres”, ajoutent-ils, affirmant que leur œuvre “cherche à rendre hommage et à ne causer aucune sorte d’offense à aucune religion. ”
Le souvenir de l’exposition Ferrari à Buenos Aires
Au-delà de l’intention affichée de Pool&Mariane de ne pas choquer, on pouvait s’attendre dans une société comme celle de Buenos Aires, de tradition catholique et qui se sent très proche des saints et des figures représentées dans le cadre de l’exposition, à ce qu’ils soulèvent une condamnation unanime pour avoir associé une dévotion aussi sincère à une figure commerciale comme Barbie. La foi n’est pas quelque chose qui s’achète dans les centres commerciaux, ni un sujet de moquerie. Il suffit d’ailleurs de se rappeler la controverse suscitée par l’exposition du défunt León Ferrari en 2004 : Ferrari avait exposé au Centre culturel Recoleta, un centre municipal. Son œuvre était nettement plus agressive que celle-ci, et impliquait des questionnements idéologiques implacables. Il y multipliait les œuvres ironiques sur le christianisme, notamment, des poupées de saints dans une friteuse, une image de Jésus dans une poêle ou sortant d’un grille-pain, une photographie de Jean-Paul II sur des préservatifs et une représentation de Jésus crucifié sur un bombardier américain.
La réaction de Mgr Bergoglio
Devant la condamnation de l’Eglise, surtout s’agissant d’œuvres présentées dans un espace public soutenu par les impôts, plusieurs manifestations de haine anti-chrétienne avaient eu lieu. A la sortie d’une messe dans l’église del Pilar, située à proximité du Centre Culturel Recoleta, au milieu des crachats et des cris agressifs, des groupes soutenant Ferrari étaient venus provoquer et insulter les fidèles. A l’époque, celui était alors archevêque de Buenos Aires, le cardinal Jorge Bergoglio, s’était exprimé via une lettre pastorale : “ Depuis un certain temps, on assiste dans la Ville à des manifestations publiques de moqueries et d’offenses contre les personnes de notre Seigneur Jésus-Christ et de la Très Sainte Vierge Marie ; des manifestations également contre les valeurs religieuses et morales que nous professons. Aujourd’hui, je m’adresse à vous profondément peiné par le blasphème perpétré au Centre Culturel Recoleta sous couvert d’une exposition artistique. Cette exposition est réalisée dans un centre culturel subventionné par l’argent du peuple chrétien et des personnes de bonne volonté, avec leurs impôts."
Et Mgr Bergoglio d’ajouter : “Jésus nous avait déjà prévenu que ces choses arriveraient et, avec une grande tendresse, il nous a dit de ne pas avoir peur, que nous sommes son petit troupeau, de persévérer dans le combat pour la foi et la charité, en mettant notre espoir en Lui, en priant avec une véritable confiance de fils le Père qui nous aime. Face à ces blasphèmes qui font honte à notre ville, je vous demande que, tous ensemble, nous fassions un acte de réparation et une demande de pardon ”.
Même si, comme on l’a dit, l’exposition Barbie en question ne semble pas avoir été imaginée dans la même intention que celle de Ferrari, on n’organise pas une telle exposition dans un lieu financé par les impôts et si quelques-unes des images sont similaires à celles exposées dans des vitrines de rue, la polémique est évidente et imminente. Pour le moment, la presse internationale commence à s’en faire l’écho. Puissent ces paroles de Bergoglio résonner encore aux oreilles de la presse argentine qui ne s’est pas encore intéressé à cette exposition…
Traduit de l’édition hispanophone d’Aleteia par Elisabeth de Lavigne