À Inayawan, des centaines d’enfants travaillent chaque jour au milieu des ordures de cette ville tentaculaire.
Fanny, ancienne volontaire à Cebu, aux Philippines, s’est rendue à Inayawan. « Cela faisait des mois que je voulais y aller, mais même à l’autre bout du monde, le quotidien s’installe ! Et puis un jour… Comment décrire cette énorme décharge où vivent (ou devrais-je dire survivent) et travaillent des centaines de familles ?
Il y a quelques années, l’incinérateur de la décharge de Cebu est tombé en panne, sans être réparé tout de suite. Un système D s’est installé. Les familles les plus pauvres et les enfants non scolarisés, se sont mis à collecter tout ce qui était récupérable (plastiques, vêtements, métal…) afin de le revendre. Profitant de ce filon, un homme d’affaire a racheté ces objets à un prix minimum. Il est aujourd’hui millionnaire, roule en 4×4 et est devenu le capitaine du Baranguay, autrement dit le « chef du quartier ». Cet incinérateur, qui n’est pas prêt d’être réparé, permet à des centaines de familles de survivre en gagnant 80 pesos par jours (1,50€) et à un homme d’affaire de profiter de cette misère pour s’enrichir toujours plus. Aux alentours de la décharge, les lieux d’habitations ne sont qu’une accumulation d’ordures et de déchets. En comparaison, les autres bidonvilles que j’ai dans certains de mes programmes en paraîtraient presque luxueux !
Le grand problème de ce quartier est l’extrême pauvreté des gens. Elle entraine la déscolarisation de nombreux enfants qui passent parfois leurs journées à travailler pour aider leurs parents, sur la décharge. Pour accompagner ces familles et lutter contre ce fléau, quelques associations comme Enfants du Mékong ont décidé d’agir. Un centre EDM géré par une assistante sociale permet aux filleuls scolarisés de venir travailler et étudier. Des temps de tutoriaux sont mis en place et tout un travail autour de l’hygiène est également développé. Des garderies ont été créées pour éviter aux plus jeunes, non scolarisés, d’accompagner leurs parents sur la décharge. »
Le travail des enfants en quelques chiffres (source OIT)
– Le nombre global d’enfants en situation de travail a diminué d’un tiers depuis l’année 2000, passant de 246 millions à 168 millions. 85 millions effectuent des travaux dangereux.
– La région d’Asie-Pacifique continue à enregistrer les plus grands nombre d’enfants (presque78 millions ou 9,3% de toute la population d’enfants).
– L’agriculture continue à être de loin le secteur avec le plus grand nombre d’enfants astreints au travail (98 millions, ou 59%), mais le nombre d’enfants dans les services (54 millions) et l’industrie (12 millions) n’est nullement négligeable – principalement dans l’économie informelle.
– Le travail des enfants chez les filles a diminué de 40% depuis 2000, alors que chez les garçons la diminution est de 25%.