De retour d’Irak, la délégation de l’AED témoigne de la situation sur place et des émouvantes rencontres faites avec les réfugiés chrétiens.
Erbil et son paysage semi-désertique sont éblouissants sous les 44 degrés du brûlant été irakien. On apprécie le calme trompeur de la capitale du Kurdistan. Rien ne laisserait supposer que le sort de milliers de personnes se décide en ce moment dans cette partie du monde. On ne les entend pas et on ne les voit pas non plus, mais les forces islamistes sont à 40 kms de là, elles étaient aux portes de la ville il y a à peine une semaine.
La réalité se cache derrière les murs des églises, dans les écoles et les centres sportifs, à l’ombre des bâtiments en construction : des centaines et des centaines de réfugiés, jusqu’à 70000, répartis entre 22 points d’accueil. L’un des principaux points d’accueil est la cathédrale catholique chaldéenne, mieux connue sous le nom d’église Saint Joseph, dans le quartier chrétien de la ville : Ankawa. On estime qu’environ 670 ménages ont trouvé refuge ici et dans les bâtiments environnants. Une tente de fortune ou l’ombre des bâtiments sont le maigre soulagement dont ils disposent pour se protéger d’une chaleur effrayante et implacable. La plupart d’entre sont assis sur le sol par petits groupes, par familles, sur des matelas ou des tapis. D’autres sont assis sur des chaises en plastique. Ankawa est une grande salle d’attente. Ces centaines de visages partagent cependant une même histoire, un même témoignage, une même destinée : ce sont des fugitifs condamnés à mort parce qu’ils étaient chrétiens.
Un long calvaire depuis 2003
Le 6 août, la milice des « peshmergas », qui défendait la zone chrétienne au nord de Mossoul, s’est retirée. La première bombe est tombée sur la maison des Alyias, à Karakosh, tuant deux enfants, David et son cousin Mirat, qui jouaient dans le jardin, et blessant grièvement un troisième enfant. L’alerte a alors été lancée dans toute la ville : « l’EIIL est à nos portes, les peshmergas ne nous défendent plus, prenez vos familles et fuyez ». Il y avait 50 000 habitants à Karakosh, ville chrétienne depuis des siècles. Ils sont tous partis avec ce qu’ils portaient sur eux. Seuls sont restés ceux qui ne pouvaient pas bouger de chez eux, les personnes âgées et les malades. D’autres petites villes des alentours, comme Bartella ou Karemlesh, ont partagé le sort de Karakosh. On estime au total à 100 000 le nombre de chrétiens qui, ces jours-là, ont quitté leurs maisons de la région de Ninive, dans un exode apocalyptique vers Duhok, Zakho et Erbil.<img align="right" border="0" de="" famille="" height="200" hspace="12" irak="" s="" src="file:///C:UsersRoseAppDataLocalTempmsohtmlclip1