Une enquête poussée va être menée, après la publication d’un sondage révélant une forte adhésion des Saoudiens aux actes de l’EI.Un récent sondage d’opinion mené sur les réseaux sociaux en Arabie Saoudite a révélé que 92% des personnes interrogées considéraient que les agissements de l’Etat Islamique d’Irak et de Syrie sont conformes aux valeurs de l’islam et de la loi islamique.
Comment réagir à un tel résultat ? Inquiet des répercussions d'une telle étude sur l'image de l'Arabie Saoudite, le Ministère des Affaires Islamiques a immédiatement lancé une étude poussée, confiant au site d’étude saoudien Sakina, la lourde tâche de déterminer l’ampleur réelle de la sympathie de la population à l’égard des jihadistes de l’EI, ainsi qu’à leur “califat” auto-proclamé début juin.
D’après Abdulmunim Al-Mashouh, le directeur de la campagne de Sakina, différentes enquêtes seront conduites principalement par des chercheurs auprès de segments sociaux spécifiques. L’étude, qui débutera en juillet prochain, devrait s’échelonner sur un ou deux mois, et fournir des résultats concrets sous peu.
Les inquiétudes quant à cet apparent “plébiscite” sur les réseaux sociaux sont encore renforcées par la prolifération de sites Internet proposant à la vente des tee-shirts glorifiant le jihad ou affichant des images à l’effigie de l’EI. Des inquiétudes qui peuvent toutefois être nuancées par l’attitude de nombreuses familles à l’égard de leurs fils enrôlés aux côtés des combattants du jihad islamique. Comme le rapporte le site Al-Monitor, certaines familles vont jusqu’à refuser de tenir des rassemblements de deuil pour leurs enfants tués au combat en dehors des frontières du pays. D’autres expriment leur “joie” à l’annonce des décès de ceux-ci, se refusant à témoigner le moindre signe d’affliction, et encore moins à les considérer comme des martyrs.
Bien que de nombreux chefs religieux s’élèvent avec sévérité contre une telle déferlante de violence et de haine, le cheikh Abdullah al-Suwailem, membre du Comité de Conseil du Ministère des Affaires Islamiques, a quant à lui fait part de son refus de qualifier les jeunes affiliés à des groupes terroristes de criminels, afin de ne pas “leur porter préjudice et en faire leurs adversaires”. “Nous nous devons de confronter les arguments, avec des preuves. Nous devrions fournir à notre jeunesse de bons points de repère, et non les criminaliser, ce qui ne reviendrait qu’à jeter de l’huile sur le feu”, a-t-il affirmé.
Les réseaux sociaux constituent à l’heure actuelle les plate-formes les plus efficaces pour les organisations terroristes afin de recruter de nouveaux jihadistes, tout en semant le trouble et la discorde au sein des nations. Twitter s’est révélé être un outil redoutable à cet égard, explique Mazen Zaki, directeur du département des nouveaux médias de l’Ibn al-Waleed Studies and Field Research Centre : “Le modus operandi actuel tend à faire usage d’hashtags qui incitent à se battre aux côtés de “l’opposition” syrienne, ou bien de procéder au ‘money jihad’ si la personne n’est pas capable de mener le jihad personnellement, ce qui est précisément ce que ces groupes recherchent, en cela qu’ils courent après l’argent des Saoudiens qui sont connus pour donner beaucoup d’argent aux populations dévastées”, précise-t-il. Il ajoute en outre que l’EI, et Al-Qaida avant lui, utilisaient souvent les femmes pour leur recrutement en ligne.
ST