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Irak, Lampedusa… où est ton frère ?

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Davide Maggiore - publié le 22/08/14
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Comment opposer l’Irak à Lampedusa, alors que les Erythréens morts en Méditerranée sont, eux aussi, des chrétiens persécutés ?
Inutile de vouloir créer une controverse sur un prétendu silence du Pape à propos de la persécution des chrétiens en Irak par l’auto-proclamé Califat d’Abou Bakr al-Baghdadi. L’évêque de Rome n’a nul besoin d’avocats, et les paroles prononcées et les actes accomplis bien avant la couverture médiatique de cette crise parlent pour lui. Le lecteur patient, en consultant Aleteia, le site de Radio Vatican ou l’Osservatore Romano depuis le 15 juin dernier (jour de l’appel du Pape à la prière « pour la chère nation irakienne ») pourra aisément en juger par lui-même.

Mais le sujet mérite tout de même une réponse quand certains tentent d’opposer les prises de paroles de François sur l’Irak une autre prise de position du Pape : son tonitruant « Honte ! Honte ! Honte ! » répété cinq ou six fois, à propos des immigrés de Lampedusa.  On se souvient du discours que le pape François avait prononcé après le tragique naufrage survenu le 3 octobre au large de l’île, qui avait coûté la vie à 366 migrants.

Ce que l’on oublie souvent de dire, c’est que nombre de ceux qui ont péri dans ce naufrage professaient la même religion. C’étaient des chrétiens de l’Erythrée, un pays dans lequel – comme  l’ont rappelé leurs évêques catholiques il y a quelques mois – les membres de chaque famille, « le noyau de l’Eglise et le fondement de la société », sont « dispersés » entre le service national, l’armée, les centres de rééducation, les prisons ». Où de nombreuses confessions chrétiennes sont illégales, passibles de sanctions. Et même celles qui sont légales (notamment l’Eglise catholique) subissent les interférences du régime comme le dénoncent, depuis des années, les principales organisations des droits de l’homme.

Et c’est aussi à cause de l’absence de liberté d’expression, ont écrit les évêques, que « les jeunes fuient vers des pays où l’on trouve la justice, du travail et où on peut s’exprimer sans crainte  à haute voix », mourant par centaines dans les tortures des trafiquants dans le Sinaï, ou – justement – en tentant de traverser la Méditerranée. Au-delà de la presse spécialisée, la dénonciation des évêques érythréens a été beaucoup moins relayée dans les médias que la tragédie irakienne. Le silence des éditorialistes a laissé un goût amer chez ceux qui s’intéressent à  l’histoire de ce pays et de ce peuple.
Aujourd’hui, la parenthèse qui vient comme par hasard juste au moment où on défend le droit sacré à l’existence d’autres chrétiens, d’autres persécutés, ravive l’amertume. « Où est ton frère », ainsi s’intitulait la lettre  pastorale  d’où sont extraites les citations évoquées plus haut. Une question qui, en ce qui concerne les chrétiens d’Erythrée morts devant Lampedusa, laisse sans réponse. sources : 

Traduit de l’édition italienne d’Aleteia  par  Elisabeth de Lavigne

 

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