Dans un pays où la réussite se mesure aussi au fait de posséder une berline allemande, le choix automobile du pape surprend.
Il n’y a pas que l’argent et l’apparence dans la vie. La profondeur d’une vie ne se mesure pas seulement à l’aune de l’esprit de compétition et des signes extérieurs de richesse accumulés. C’est aussi cela que, directement et indirectement, le pape François rappelle durant son périple en Corée du sud.
Qui est déjà allé en Corée du Sud, et plus particulièrement à Séoul, peut ressentir pleinement cette étrange fusion entre une présence américaine durable, et ses habitudes consuméristes, et un esprit de compétition et une concurrence poussés à l’extrême. Dans un pays où la réussite est un culte, il ne fait pas bon de ne pas suivre la mode, et le statut social des hommes se juge à la berline de luxe que l’on possède, nécessairement allemande, noire et sportive, tandis que les marques de luxe françaises se taillent la part du lion dans l’esprit des jeunes coréennes aisées.
Fidèle à sa posture de contrepied, n’hésitant pas à bousculer les habitudes, le pape François a donc sciemment choisi de s’afficher devant tous les médias coréens à bord d’une Kia Soul, une voiture populaire et peu onéreuse, aux antipodes de ce qu’on l’on imagine être la voiture d’un chef d’état. Un exercice d’humilité automobile auquel il est familier, lui qui évite autant que faire se peut les papamobiles blindées s’affiche souvent en Ford Focus à Rome. Ici, c’est donc tant à bord d’une Soul (âme en français) qu’il salue la foule, qu’à bord du train, comme tout le monde, pour se rendre jusqu’au stade où l’attendaient des dizaines de milliers de chrétiens de Corée.