Adam et Eve ont tout gâché ! Dieu avait prévu un si merveilleux avenir pour nous : la beauté du Jardin, une vie sans douleur ou tristesse, tout un monde à l’abri de l'obscurité. Et pas de mort ! Mais, non ; il a fallu que nos premiers parents se perdent dans le péché, et tout a été gâché. Merci, Maman et Papa !
Néanmoins, avant de trop sombrer dans la bien-pensance, disons la vérité : Aurions-nous réellement fait mieux? Aurions-nous pu résister, résister à la tentation, aux ruses et aux mensonges du Malin ? Je pense que, si nous sommes honnêtes, nous connaissons tous la réponse à cette question.
Il n’en reste pas moins que tout était détruit ; leur échec est devenu le nôtre dans le Péché Originel, et le plan magnifique de Dieu pour l'humanité se trouvait en ruines. Nous nous étions bannis du Paradis, le mal s’est répandu sur le monde, et la Mort - cette déchirure du corps et de l'âme, cette destruction de l'unité qui nous représentons - régnait.
Dieu, dont la volonté ne peut jamais vraiment être contrariée, de quelque façon que ce soit, est revenu avec un plan - et un futur - encore plus merveilleux que celui qui s’était effondré: un projet si extravagant, si courageux et audacieux, qu’aucun esprit humain n'aurait pu le concevoir.
Dieu pourrait, bien entendu, tout simplement effacer le péché et la Chute d’un claquement de doigt divin, et tout recommencer. Mais parce que cela aurait entamé notre liberté, notre dignité s’en serait également trouvée malmenée, une dignité qu’Il prend beaucoup plus au sérieux que nous, dans beaucoup de cas.
C’est ainsi que pour réparer la brèche tout en protégeant notre liberté réelle, la guérison devait venir de nous, qui avions ouvert cette brèche. Mais aucun de nous ne fut suffisamment fort ; Dieu seul pouvait le faire. Il a donc choisi de devenir l'un d’entre nous.
Pour nous aujourd’hui, sans doute que cela n’apparaît pas si remarquable, puisque nous avons vécu toute notre vie - et les deux derniers millénaires - en ayant connaissance de ce don divin ; mais avant que cela n'arrive, tout cela était littéralement impensable.
Pour devenir réellement l'un d’entre nous, Dieu a dû trouver quelqu'un, quelqu'un qui n'ait pas été souillé et affaibli par la chute, quelqu'un qui soit apte à la laisser entrer sur terre. Il a recherché dans toutes les époques - ce qui n’est pas compliqué pour lui ! - et a trouvé la seule personne qui ne ferait jamais ce que nos premiers parents ont fait, et ce que nous-mêmes aurions fait. Il cherchait quelqu'un qui, dans l'humilité et la confiance, pourrait défaire ce qu'Adam et Eve ont fait dans l'orgueil et la peur.
Et Il trouva Marie, qui est sans conteste la meilleure d’entre nous tous, que nous vénérons comme une Reine et à laquelle nous tenons comme à une Mère ; pourtant, elle est d'abord notre Sœur.
Aucun être touché par le Péché Originel n’aurait jamais pu être digne de laisser Dieu pénétrer sur terre de même que personne n’aurait été assez fort pour effacer le péché du Jardin. Mais Marie, seule contre tous avec ce cadeau spécial, avait une chance de mener à bien ce combat. C’est pourquoi Dieu lui offrit à elle seule le don remarquable de l'Immaculée Conception - qui la préserva de la tâche du Péché Originel dès le moment de sa conception, dans le sein de sa mère.
Marie aurait tout de même encore refuser sa mission, elle aurait encore pu faire le choix de pécher ; mais elle fut suffisamment forte pour dire Oui. Et elle l'a fait! Et le plan de Dieu fleurit.
Je sais que cela ne semble pas avoir beaucoup à voir avec l'Assomption, que nous célébrons aujourd'hui, mais nous y venons ! Sans l'Immaculée Conception, l'Assomption n’aurait aucun sens.
En raison de ce “Oui”, de ce “qu’il en soit ainsi" de Marie, dans la mesure où elle accepta pleinement la grâce et le rôle que Dieu lui avait offert, en firent l'Arche de la nouvelle Alliance qui a conduit Dieu à son peuple. Et la fatalité de la mort était scellée.
La mort est le morcellement de l'unité du corps et de l'âme - nous ne sommes pas, comme beaucoup (parfois même des catholiques) l’imaginent, une âme à l'intérieur d’un corps. Nous sommes les deux réunis.
La signification de l'Assomption, telle que le pape Pie XII l’a déclaré en 1950 pour toute l'Eglise, découle du fait que «l'Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste».
Pour nous, la fin de la vie ici est l'éclatement de cette unité et de la désintégration de la tombe. Pas pour Marie cependant. Dieu n’aurait pas permis que la Mère de son Fils connaisse la corruption du tombeau, car elle a donné la vie à la Vie Elle-même.
Et c'est indéniablement merveilleux. Et nous nous réjouissons pour Marie qui possède déjà cette grâce qui, après la Résurrection générale, sera celle de tous les bienheureux aux cieux. Mais pourquoi était-ce important au point que l'Eglise ait besoin d'un dogme décrété infaillible et d’un Jour Saint d’obligation de célébrer cette vérité, qui, pour certains, peut ressembler à un pinaillage théologique?
Revenons un peu au pape Pie XII. Lorsqu’il énumère les raisons de la promulgation solennelle de l'Assomption, il affirme que c’est aussi «pour la joie et l'exultation de l'Eglise tout entière» qu'il proclame ce dogme.
A présent, si vous ne savez pas où vous allez, votre voie pour y arriver sera très difficile, voire impossible; si vous ne savez pas à quoi ressemble votre objectif, vous pourriez ne pas le reconnaître, ou bien le confondre avec un autre. Et si vous ne savez pas qui vous êtes réellement, très peu de choses dans votre vie auront du sens.
Cette grande Fête de Notre-Dame n'est pas vraiment pour Notre-Dame - elle n’en a pas vraiment le besoin, étant pleinement vivante, corps et âme, dans la béatitude des cieux. Et la Mère aimante qu’elle est ne veut rien garder pour elle-même et tout partager avec ses enfants. Cette Fête est donc pour nous - pour la joie de l'Eglise! - Parce qu'elle nous montre où nous allons et ce que nous sommes vraiment.
La dignité de l'Immaculée Conception est uniquement celle de Marie ; mais la dignité du corps et de l’âme vivante avec Dieu, qui préfigure l'Assomption, peut être nôtre. C’est en réalité la grande promesse du Christ ; et Marie démontre l'accomplissement de cette promesse qui nous est faite dans son Assomption. L'intimité, la perfection, la plénitude de la vie aux cieux (auxquelles nous ne pensons que trop rarement, je le crains) nous sont offertes. C'est là que nous allons, et le fait de savoir que l’une d’entre nous y est déjà parvenue, notre propre Sœur (en tout premier lieu) qui est en train de savourer pleinement la victoire - nous réjouit. Nous nous réjouissons - et nous y sommes encouragés - de voir qu'il est possible d’obtenir cette grande gloire. Elle est, comme le déclare la Préface de ce jour, «le commencement et l'image de la perfection de l'Église et un signe d'espérance certaine et de réconfort» pour nous sur notre chemin.
La plus grande joie de Notre-Dame, comme le rappelle Saint Augustin, ne réside pas dans ses honneurs et dignités, ni dans l'Immaculée Conception, ni même dans le fait d’être la Mère de Dieu, mais plutôt dans le fait d’être une disciple de son Fils! «Bénis», dit le Seigneur dans l'Évangile de la Veillée pour cette Fête «soient ceux qui écoutent la parole de Dieu et l'observent».
Personne ne l’a fait plus parfaitement que Marie. Mais avec son aide, enhardis par son exemple et revigorés par la connaissance de ce qui est possible pour nous, pauvres enfants exilés d'Eve, qui sont désormais les enfants de Marie; nous pouvons faire la même chose !
Article réalisé pour l’édition américaine d’Aleteia par le Canonicat de Saint Leopold.
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*Traduction de Solène Tadié.