Depuis l’élection d’Al Sissi à la tête de l’Égypte, la situation des chrétiens coptes s’est améliorée. Même au cœur des persécutions, ils ont fait preuve d’une vitalité extraordinaire, suscitant des conversions.
Le 26 mars 2014, le général Abdel Fattah al-Sissi a été élu président de l’Égypte avec 96% des voix. Il succède au champion des Frères musulmans Mohammed Morsi, dont l’administration est jugée désastreuse et qui a été destitué et arrêté à la suite d’un coup d’état.
Les chrétiens ont particulièrement souffert sous la coupe des Frères Musulmans : églises incendiées, attentats et enlèvements. C’est ce qui explique qu’ils aient massivement voté pour le général. Une situation qui choque en occident, car Morsi fut élu dans les règles. Mgr Adel Zaky, vicaire apostolique d’Alexandrie et chef des chrétiens catholiques romains d’Égypte, rejette les critiques : « Si le général Al Sissi n’avait pas été à la tête de l’armée, nous aurions eu une guerre civile. Nous aurions fait face à la même situation qu’en Irak. Le peuple n’avait aucun moyen de lutter contre les frères musulmans. L’armée n’est intervenue que quand le peuple l’a appelée. L’armée n’est pas entrée en action d’elle-même… Oui, Morsi a été élu. Mais les gens ont vu que sous son pouvoir, le pays menaçait de tomber en ruine. Le peuple lui a donc retiré sa confiance pour éviter le pire ».
Parmi les communautés des chrétiens d’Orient si malmenées en ce moment, les Coptes font figure de bastion. Non contents de résister, ils suscitent des conversions. Le cas emblématique de Mohammed Hegazy, qui a été emprisonné pour avoir demandé la reconnaissance officielle de sa conversion, serait la face émergée de l’iceberg selon Michel Varton, directeur de l’ONG Portes Ouvertes. Le jugement prononcé contre ce dissident est éclairant : on lui demande de ne pas exposer sa conversion, peu importe qu’il ait choisit le Christ du moment qu’il reste apparemment un musulman….Mohammed Hegazy a refusé, mais on peut imaginer que de nombreux Égyptiens anonymes choisissent de rester musulmans en apparence et chrétiens dans l’intimité.
Les chrétiens convertis seraient « nombreux » selon un Égyptien, lui-même converti appartenant à l’ONG, mais leur nombre exact demeure difficile à connaître. « Ce n’est pas le pouvoir politique qui nous opprime, explique cet Egyptien qui veut garder l’anonymat, mais directement les proches. Si un musulman se convertit sa famille et ses voisins, risquent de le battre, de vouloir le tuer, c’est vécu comme une trahison. A cause de cette forme d’oppression diffuse, il est très difficile de connaître le nombre exact de convertis dans les pays musulmans. »
Ce phénomène souterrain de conversions est alimenté en particulier par Zacharia Botros, icône de la remise en question de l’Islam, aux émissions regardées par des millions de téléspectateurs en Égypte et dans tous les pays de langue arabe. Ce prêtre Copte en exil est l’ennemi public n°1 d’Al Quaeda. Sa tête est mise à prix 60 millions de dollars, soit plus de deux fois plus que ce que les Américains promettaient pour la capture de Ben Laden ! Son crime ? Il lit les textes saints des musulmans et relève des contradictions, des problèmes éthiques. Il est inconnu en Occident, mais ses émissions sont vues par des millions d’arabophones; elles passent par les réseaux satellites et Internet, donc difficiles à brouiller, et sont même vues dans des pays où l’on brûle les Bibles comme l’Arabie Saoudite.
Le phénomène de conversions clandestines au christianisme serait très important en Égypte. Au Maroc, tous les chrétiens sont des convertis… Le record serait l’Iran où l’on parle de centaine de milliers de conversions, d’où la crispation des autorités contre cette nouvelle Église des catacombes.