Alors que les frappes aériennes continuent à répondre aux roquettes tirées depuis la bande de Gaza, le bilan est déjà effrayant : plus de 200 morts palestiniens, plus de 1300 blessés et un mort israélien.
Dans les rues de Jérusalem, la guerre n’a pas changé le quotidien : cela fait quatre jours que les sirènes annonçant l’arrivée de roquettes n’ont pas eu à alerter la population.
Une partie des journaux israéliens se montre critique à l’égard du gouvernement de Netanyahu. Arguant que « ses solutions ne fonctionnent pas, la guerre ne finit pas », ils critiquent son bellicisme. Mais la majorité de la population israélienne l’a réélu, malgré un bilan terne, en raison de sa politique sécuritaire, jugée plus ferme que celle de ses concurrents.
Il faut comprendre la peur, légitime, de ces Israéliens qui craignent à la fois les Palestiniens et les pays arabes à leurs portes pour comprendre que lors des élections, ils ressentent le besoin d’un « homme fort ». C’est aussi peut-être ce qui explique à défaut d’excuser le comportement de certains d’entre eux qui vont observer les bombardements sur la Bande de Gaza comme un « son et lumière », en mâchonnant des graines de tournesol (voir The New-York Times).
Pourtant, un espoir de cessez-le-feu était né, avec la proposition égyptienne acceptée par le gouvernement israélien et refusée par le Hamas. Ce parti a affirmé « ne pas avoir été consulté » (voir maannews ). De son côté, Netanyahu lui-même est critiqué par l’extrême droite israélienne pour avoir accepté de négocier. Son vice-ministre de la défense, Danny Danon, l’a accusé d’avoir une politique « de gauche », ce qui lui a valu d’être renvoyé du gouvernement. Après cet incident et devant le refus du Hamas, Netanyahu a conclu « puisqu’ils ne veulent pas le cesser le feu, il y aura le feu ».
Or cette violence contribue à liguer les Palestiniens contre les Israéliens, et plus grave encore, contre leurs propres institutions, jugé « collaboratrices » de la politique d’Israël. C’est ainsi que le ministre Palestinien de la Santé, Jawad Awad, a été forcé par des manifestants en colère de quitter la bande de Gaza. Le capital de sympathie des Gazaouis envers les pyromanes du Hamas est faible, depuis leur mauvaise gestion des affaires, mais la répression aveugle d’Israël est le meilleur atout du parti islamique.
Pourtant, les éléments ne sont pas encore en place pour déclencher la troisième Intifada dont rêve les cadres du Hamas, et peut-être aussi les extrémistes du Likoud. Les Palestiniens hors de la Bande de Gaza se montre solidaires de leurs frères bombardés, mais ils ne se sentent pas près à entrer en guerre ouverte : « La deuxième Intifada nous a seulement apporté les murs de séparation, constate l’un d’entre-eux ».
Dans ce contexte, les chrétiens, ultra minoritaires, ont une voix d’apaisement à faire entendre. « Nous sommes plus que jamais une église du calvaire », résumait Mgr Fouad Twal, le patriarche latin de Jérusalem. « Si nous critiquons l’un ou l’autre, ça ne veut pas dire que nous sommes pour l’un ou pour l’autre », expliquait-il.
Israël/Palestine : les morts ordinaires d’une guerre ordinaire
Ezz Zanoon / Anadolu Agency / AFP
Sylvain Dorient - publié le 16/07/14
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