Les nazis ignoraient que Hessy Taft était juive, lorsqu’ils ont utilisé son visage pour une affiche de propagande.
Comment ridiculiser les nazis, sans que personne ne le sache? L’incroyable histoire de Hessy Taft remonte à 1935. Sa photo a été sélectionnée lors d’un concours organisé par le ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, pour représenter la beauté de la race aryenne en couverture de Seules à la maison, une revue adressée aux familles.
« Aujourd’hui je peux en rire, mais si les nazis avaient découvert qui j’étais vraiment, je ne serais certainement pas là pour vous raconter cette histoire », confie la femme bientôt âgée de 80 ans, au tabloid allemand Bild. En 1928, Pauline Levinsons, la mère de la petite Hessy, l’avait emmenée à Berlin chez un photographe renommé, Hans Ballin. Hessy n’était alors âgée que de six mois.
Sept ans plus tard, alors que l’antisémitisme était déjà monnaie courante en Allemagne, Pauline Levinsons fut prise de panique en retrouvant le visage de sa petite fille en couverture du fameux magazine nazi. Elle s’est alors précipitée chez Ballin pour lui demander des explications, lequel lui a alors expliqué qu’il avait tout simplement souhaité ridiculiser les nazis. Sans pour autant prendre en compte le danger qu’il faisait ainsi courir sans qu’elles le sachent à son jeune modèle et à sa famille…
La fameuse photo a par la suite circulé sur tous les réseaux de propagande, en particulier les cartes postales et les revues, obligeant Pauline Levinsons a garder sa fille cachée un certain temps, afin que l’on ne la reconnaisse pas: si les nazis avaient découvert la supercherie, l’issue aurait été sans aucun doute fatale pour toute la famille.
Le tabloid allemand raconte en outre que lorsque le père de Hessy – Jacob Levinsons – fut arrêté par la Gestapo en 1938 pour fraude fiscale, les nazis s’envoyaient encore des cartes postales représentant le visage de sa fille. La famille a par la suite pu s’échapper grâce au soutien de son comptable – qui se trouvait être un membre du parti nazi – et s’est installée définitivement aux Etats-Unis en 1949.
Hessy Taft enseigne encore aujourd’hui la chimie dans un établissement catholique de New-York. En juin dernier, elle a présenté une copie du magazine au Yad Vashem Holocaust Memorial en Israël, et a partagé son histoire avec la Shoah Foundation, qui en a fait un documentaire, présenté ci-dessus. Une belle revanche, en quelque sorte.