Le français Jean-Baptiste de Franssu, 51 ans, est chargé de lancer la deuxième phase de la réforme de l’IOR.
Après une semaine de rumeurs concordantes, le départ de l’Allemand Ernst von Freyberg et l’arrivée du Français Jean-Baptiste de Franssu à la tête de l’Institut pour les Oeuvres Religieuses ont été confirmées par le Saint-Siège lors d’une conférence de presse ce mercredi.
Depuis la création par le Pape du Conseil pour l’Economie, le 24 février dernier, de nombreuses questions étaient restées en suspens, et beaucoup voyaient se profiler à l’horizon l’issue radicale d’une fermeture de l’IOR (cf. Aleteia). Si la rumeur autour de la disparition de la banque vaticane a été démentie depuis (cf. Aleteia), la politique d’assainissement voulue par le Saint-Père s’est intensifiée ces derniers mois, pour donner lieu ce jour à trois changements majeurs.
Un nouveau cadre économique pour le Saint-Siège
Le Secrétariat pour l’Economie a lancé une série d’initiatives exposées dans les grandes lignes par son président, le cardinal George Pell, qui ont vocation à rectifier « les faiblesses » et les « risques identifiés » pour « améliorer la gestion économique et administrative du Saint-Siège et de l’Etat de la Cité du Vatican». «Il y a de nombreux défis à relever et beaucoup de travail à abattre », a annoncé le cardinal Pell, depuis la salle de presse du Saint-Siège ce mercredi.
Pour l’heure, quatre changements structurels ont été proposés par le Secrétariat pour l’Economie, sur les conseils de la Commission Pontificale référente sur l’organisation de la structure économico-administrative du Saint-Siège (la COSEA, créée par le Pape en juillet 2013), et approuvés par le Pape en personne.
Transfert de l’APSA au Secrétariat pour l’Economie
Le Pape a publié ce mercredi une Lettre apostolique en forme de Motu Proprio demandant le transfert de la section ordinaire de l’Administration du Patrimoine du Siège apostolique (APSA) au Secrétariat pour l’Economie, qui exercera désormais ses activités de contrôle économique et de surveillance sur les agences du Saint-Siège, y compris les politiques et les procédures d’achat ainsi que la distribution des ressources humaines. L’APSA, initialement créée pour gérer les biens appartenant au Vatican et fournir les fonds nécessaires au fonctionnement de la Curie romaine, se concentrera sur son rôle de trésorerie de l’Etat de la Cité du Vatican.
Un comité pour les fonds de pension
Un comité technique a été nommé afin d’étudier la situation des fonds de pension des employés du Vatican et de s’assurer que les “fonds pour les générations futures" soient suffisants. Le Préfet du Secrétariat pour l’économie met en corrélation cette initiative avec d’autres pays occidentaux où la réforme du système des retraites s’est avérée nécessaire. Le comité sera composé de 4 experts laïcs : l’Australien Bernhard Kotanko, les Italiens Andrea Lesca et Nino Savelli et le Français Antoine de Salins, directeur général adjoint et directeur des placements au sein de la banque et mutuelle d’assurance Groupama.
Pour l’heure, quatre changements structurels ont été proposés par le Secrétariat pour l’Economie, sur les conseils de la Commission Pontificale référente sur l’organisation de la structure économico-administrative du Saint-Siège (la COSEA, créée par le Pape en juillet 2013), et approuvés par le Pape en personne.
Des "économies considérables" pour les médias du Vatican
Un nouvel organe mettra au point un plan de réforme d’ici 12 mois afin d’"adapter les médias du Saint-Siège aux nouvelles tendances" du marché des médias, d’améliorer leur coordination, permettant au passage des "économies considérables". George Pell a souligné l’efficacité des réseaux sociaux et médias digitaux pour permettre au Pape de communiquer avec le monde entier, évoquant notamment le succès du compte Twitter du Saint-Père et de la
Pope App". "
Nouvelle phase de réforme pour L’IOR
L’actuel président, Ernst von Freyberg, nommé par Benoît XVI juste avant sa renonciation en février 2013, va quitter ses fonctions sous peu, assurant la transition avec le financier français Jean-Baptiste de Franssu, choisi pour assurer la seconde phase de la réforme de la banque vaticane.
Ce dernier devra, au cours des trois prochaines années, suivre trois axes stratégiques, qui consisteront à renforcer la position de l’IOR, à déplacer graduellement la gestion du patrimoine à un nouvel organe de gestion centrale des avoirs, et à concentrer les activités de l’IOR sur le conseil en matière financière et sur les services de paiement pour les membres et employés du Vatican.
Âgé de 51 ans, Jean-Baptiste de Franssu était anciennement président de la société de gestion américaine Invesco et membre de la commission vaticane en charge de résoudre les problèmes économiques et administratifs du Saint-Siège. Il dirigeait jusqu’à sa nomination une société de conseil en fusions-acquisitions à Bruxelles et est membre du Conseil pour l’économie au Vatican, ce qui fait de lui le candidat idéal pour reprendre la présidence de l’IOR. Sa grande connaissance des finances et du fonctionnement du Saint-Siège lui a valu l’appui de George Pell devant le conseil des cardinaux.
"C’est un honneur d’être appelé à effectuer les changements jugés aujourd’hui nécessaires pour transformer ultérieurement l’IOR en un fournisseur de services pour l’Église", a commenté Jean-Baptiste de Franssu, qui voit ce rôle comme "une mission".
En un an et demi à la tête de l’IOR, Ernst von Freyberg aura pour sa part mené à bien la première phase de la réforme de la banque du Vatican en réalisant de nombreux projets, notamment celui d’éplucher non moins de 19 000 comptes de l’IOR avec le concours de consultants externes, et de mettre en place la publication d’un rapport annuel d’activités. Ce dernier est également à l’origine de la création du site Internet de la banque vaticane, et de la première nomination d’un porte-parole pour cet organe.
Le cardinal Préfet du Secrétariat pour l’Economie a en outre annoncé la création du Project Management (PMO), une petite structure chargée de la mise en place et et de l’introduction de certains des changements proposés, à commencer par le transfert de la Section Ordinaire de l’APSA au Conseil pour l’Economie. Son directeur, le Business Manager de l’Archidiocèse de Sydney, Danny Casey, rendra directement compte au cardinal Pell.
En septembre 2014, le Secrétariat pour l’Economie commencera à préparer le budget pour l’année 2015. A cet effet, tous les dicastères et administrations seront tenus de présenter un budget auquel ils devront se limiter, en engageant leur responsabilité directe. “Nous avons à coeur de faire avancer ce travail dans les prochains mois”, a conclu le cardinal.