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Il y a 75 ans, les débuts héroïques des Petits frères des pauvres

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Sylvain Dorient - publié le 07/07/14
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En 1931, Armand Marquiset se consacrait au service des pauvres, jetant les premières bases de ce qui deviendra en 1946 l’association Les Petits frères des pauvres. L’un de ses compagnons de route nous raconte les débuts héroïques de l’association.
Pierre Des Salles aura 90 ans cette année. Il a découvert Armand Marquiset par le biais du scoutisme, et s’est complètement donné à l’association pendant dix ans. Voici son témoignage sur les premiers temps héroïques des Petits frères des pauvres, créés il y a 75 ans cette année.

Une devise : « Les fleurs avant tout »
« Des hommes comme Armand on rencontre pas deux dans une vie. Un ancien chef scout m’a aiguillé vers lui, et je me suis retrouvé à arpenter Paris avec cinq autres jeunes hommes, plus Armand, à la fois grand organisateur et cuisinier.  Toutes les ressources qu’il pouvait obtenir de ses proches passaient dans les aides aux pauvres. Comme il avait des relations avec les familles nobles, il se faisait prêter des propriétés, trouvait des fonds, obtenait des meubles anciens et des bijoux de famille à vendre… Lui-même était un aristocrate, et il en avait les manières dans les plus misérables bicoques. Quand il venait visiter l’une des personnes que l’association aidait et que nous appelions « nos vieux amis », il apportait toujours des fleurs. C’était une devise : « Les fleurs avant tout ». Je l’ai traité de snob, à cause de ça, car je pensais que l’argent qui avait servi aux fleurs aurait été mieux utilisé pour du pain !"
 
Des vœux temporaires chaque année
« Il ne nous ménageait pas, ce n’était pas un chef facile : il avait à la fois une piété, une exigence et un humour fous ! Nous-mêmes, qui côtoyions la misère, nous n’étions pas riches et nos conditions d’existence n’était pas faciles, mais nous étions portés par un entrain commun digne de celui des premiers chrétiens. À l’origine, l’association ressemblait moins à une ONG humanitaire qu’à une congrégation religieuse. Nous prononcions des vœux temporaires, chaque année au pied de la statue de la Vierge de Notre-Dame de Paris, et chaque réunion débutait par une prière commune."
 
Dans la misère noire de l’après-guerre
« Nous récoltions des dons, et nous nous rendions dans les pires bidonvilles. Il n’est pas exagéré de parler de bidonvilles pour la banlieue parisienne de l’époque. Peu de gens se souviennent de la misère qui régnait dans l’après-guerre. Une anecdote : l’une de nos « vieilles amies » que nous visitions n’a pas eu l’électricité pendant dix ans, et ça ne se passait pas en banlieue mais au 132 Boulevard Saint-Germain ! Nous faisions en sorte que les plus pauvres des personnes que nous visitions reçoivent de l’association trois repas par semaine. Nous ne pouvions faire mieux ! Après dix ans de service, je suis tombé malade et j’ai dû renoncer. Je me suis engagé auprès de la communauté Saint-Vincent de Paul, une fois remis."
 
Tant de gens sauvés
"Je reste impressionné par la réalisation de cet homme. Il a réussi, par la force de sa volonté, à sauver tant de gens ! Lors de la messe donnée pour son enterrement à Notre-Dame de Paris (en juillet 1981) la cathédrale était comble : la foule débordait sur le parvis."
 
Lire la biographie d’Armand Marquiset sur le site des Petits frères des pauvres.

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