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Doit-on tout faire pour être heureux ?

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Pierre d’Elbée - publié le 01/07/14
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Un sujet du Bac 2014 appliqué à l’entreprise. Le bonheur au travail, est-ce la sécurité ? Le bien-être ? Un équilibre personnel ? Réponse d’un coach philosophe. *Il n’est pas d’usage de parler du bonheur dans l’entreprise et pourtant ce sujet du bac est d’une brûlante actualité professionnelle. Voici quelques points pour aborder la question.

1.            On trouve facilement sur Internet des formations et des coachings sur le bonheur destinés aux salariés. De quoi faire sourire les sceptiques : Anne Le Fur, directrice de l’environnement du travail chez France Télécom se montre réservée quant à une éventuelle mission de l’entreprise qui voudrait le bonheur de ses salariés ;  elle remarque dans un article de l’Express : “L’entreprise n’a pas pour responsabilité de rendre ses salariés heureux mais d’assurer leur santé et leur sécurité au travail. On peut parler de qualité de vie ou de bien-être au travail, mais le terme de bonheur ne me paraît pas être dans le bon registre.” La question est posée : quelle différence y a-t-il entre bonheur et bien-être dans l’entreprise ? Le bien-être semble davantage appartenir au registre factuel / sécurité / plaisir là où le bonheur serait plus d’ordre subjectif / intime / profond. Néanmoins, la frontière entre vie privée et vie professionnelle devient de plus en plus perméable : les incidences du bonheur ressenti par les personnes dans leur vie privée ont des conséquences directes sur leur vie professionnelle. On ne peut pas complètement l’ignorer.

2.            Lucie Davoine, spécialiste de l’économie du bonheur, publie un article documenté disponible sur le site du Centre d’Études et de l’Emploi qui pointe une différence beaucoup plus significative entre l’économie du bonheur et celle du bien être : « […] Les hommes ne recherchent pas uniquement le confort matériel et l’absence de souffrance, mais aussi une certaine stimulation, de la nouveauté, des défis. Ces recherches […] donnent des armes pour critiquer le mode de vie américain, qui privilégie le confort aux défis.» Cette remarque a le mérite de rendre moins subjective la notion de bonheur professionnel. Elle montre qu’en assumant l’idée de défi ou de dépassement de soi, le bonheur va bien au-delà de la sécurité un peu confortable et consommatrice que suggère l’expression « bien-être ».

3.            L’entreprise, lieu de bonheur personnel ? « C’est à chacun de créer son bonheur au sein de l’univers de contraintes que représente l’entreprise » affirme un témoin cité dans l’article de l’Express. Cette remarque est probablement la plus communément admise. On peut l’interpréter de deux façons : soit on arrive à être heureux malgré les contraintes professionnelles, soit l’activité professionnelle est elle-même une composante essentielle de son bonheur personnel. On pourra dire de ceux que l’activité professionnelle rend heureux qu’ils ont de la chance : ce n’est pas le cas de tout le monde. Mais trop souvent, on s’interdit de reconnaître la part heureuse de son travail, obnubilés que l’on est par l’obligation du résultat et ou par une performance laborieuse. Et si l’on changeait son regard ? Si l’on acceptait de valoriser ce que l’on aime faire ? L’entreprise comme d’ailleurs tout univers professionnel est un lieu potentiel d’accomplissement personnel que l’on peut investir comme tel.

4.            Le bonheur est aussi un équilibre, un juste milieu entre un excès et un défaut dirait Aristote. Les Grecs se méfiaient de l’ubris, ce comportement excessif qui, tôt ou tard se retourne contre celui qui le pose, pour son propre malheur. On pense tout particulièrement à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Mais cet équilibre n’est pas seulement personnel, il est aussi collectif. Témoin le développement durable qui promeut l’équilibre entre « Person, Profit, Planet »,les trois composantes essentielles d’une économie sur le long terme. Une redécouverte du Bien commun qui vise les conditions d’un bonheur partagé par tous.

 

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