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Les émotions de 700 000 utilisateurs manipulées par Facebook

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Mathilde Dehestru - publié le 30/06/14
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Le réseau social a avoué avoir réalisé une étude en 2012 sur 700 000 membres. Une annonce qui relance les polémiques sur l’immense pouvoir détenu par ce réseau social.
C’est une nouvelle qui va relancer les polémiques sur les réseaux sociaux et la confidentialité des données des utilisateurs : Facebook a révélé avoir conduit entre le 11 et le 18 janvier 2012 une expérimentation massive pour étudier l’état psychique de ses utilisateurs en fonction de ce qu’ils lisaient ou non sur la plateforme. L’étude a été réalisée auprès de 700 000 membres du réseau social.

Réalisée par les universités de Cornell et de Californie San Francisco, l’étude portait sur la « contagion émotionnelle ». En modifiant la page d’actualité des utilisateurs manipulés, faisant apparaître des messages plus ou moins positifs, l’étude voulait étudier les réactions comportementales des utilisateurs. Le site de Mark Zuckerberg souhaitait ainsi confirmer une théorie selon laquelle il existerait une certaine « viralité des émotions » et que voir des gens heureux nous rendrait nous-même heureux.

Publiée le 17 juin dernier, l’étude a révélé que les utilisateurs sont influencés par l’« ambiance » de leur fil d’actualité et écrivent des messages plus positifs ou négatifs en fonction de ce qui est écrit sur leur page d’accueil. « Lorsque les expressions positives ont été réduites, les gens ont produit moins de messages positifs et davantage de messages négatifs ; quant les expressions négatives ont été réduites, le schéma opposé s’est produit. Ces résultats indiquent que les émotions exprimées par d’autres sur Facebook influencent nos propres émotions, constituant une preuve expérimentale de contagion sociale de masse à travers les réseaux sociaux », se sont réjouis les chercheurs de l’école de Palo Alto.

L’annonce de cette étude a suscité une vague d’indignation et de crainte, révélant au grand jour le pouvoir et la capacité de manipulation du réseau social sur ses utilisateurs. Manque d’éthique et problèmes de confidentialité : accusé de manipulation, le directeur de cette recherche, Adam D. I. Kramer s’est justifié en affirmant que « la raison pour laquelle nous avons fait cette étude est que nous nous soucions de l’impact émotionnel de Facebook et des gens qui utilisent notre produit ».  « Cette recherche a été menée pendant seulement une semaine et aucune donnée utilisée n’était liée au compte d’une personne en particulier », a expliqué quant à elle Isabel Hernandez, porte parole du réseau social.

Si une telle expérimentation montre l’immense pouvoir que peut détenir une entreprise privée dont les services sont utilisés par des centaines de milliers d’internautes dans le monde entier, reste à savoir également si cette étude ne serait pas faussée par l’e-reputation à laquelle beaucoup d’utilisateurs portent une attention particulière. Si la plate-forme sociale explique ses motivations comme étant commerciales, des questions plus inquiétantes émergent toutefois suite à cette étude : quel pouvoir Facebook détient-il sur la modélisation des esprits de ses membres ?  Limiter  des propos extrémistes, racistes ou sexistes, voire des publications jugés « déviantes »aux yeux de l’orthodoxie idéologique de Facebook deviendrait-il alors un devoir pour la plate-forme ou une manipulation abusive ?

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