Deux couples de chrétiens rwandais, plongés au cœur du génocide de 1994, prouvent que la foi peut porter mille collines ! Vingt ans après, leur récit est de ceux qui ne s’oublient pas.
Yvonne-Solange Kagoyire, François-Xavier Ngarambe et Jean-Marie Twambazemungu sont des survivants. Pris au cœur du génocide d’avril et juin 1994, ils sauvent leurs vies, mais aussi leurs âmes en s’en remettant à la grâce de Dieu, avec une confiance et une force surhumaine.
La violence du génocide, éprouvée et vécue n’est pas éludée. Les cent jours qui débutent par l’attentat contre l’avion des présidents rwandais et burundais, Juvénal Habyarimana et Cyprien Ntaryamira, ont touché intimement les familles de chacun des protagonistes. Les milices Hutus massacrent les Tutsis et les Hutus qui tentent de les protéger. Il faut se terrer, trouver malgré tout de la nourriture, tenter de passer les « barrages »… Mais les trois survivants qui racontent cette histoire affirment ne devoir leur survie ni à leur astuce, ni à la chance : « Nous étions dans la main de Dieu » explique l’un d’entre eux. Même dans les moments les plus terribles, ils louent, prient et échappent miraculeusement à la mort, au bord de la fosse.
Ils acceptent cette providence comme une grâce qui pourrait être écrasante. L’un de leurs voisins leur demande : « Après tout ce que Dieu a fait pour vous, si vous ne mourrez pas, que ferez-vous ? ». Ils décident d’aider les orphelins, d’abord en accueillant certains d’entre eux dans leurs propres familles, puis en remontant le centre d’accueil Cyprien et Daphrose Rugamba de Kigali.
Une histoire vécue par Jean-Maris Twambazemungu résume le drame et la grâce du Rwanda. Il a accueilli avec son épouse une fillette Hutu et une Tutsi, toute deux orphelines et âgées d’une dizaine d’années. Il a découvert peu après que la Hutu appartenait à une famille qui avait participé au massacre contre les Tutsis, mais a tenu malgré tout à les élever ensemble ; elles se sont liées d’amitié comme deux sœurs peuvent le faire.
Une illustration de la force de l’amour qui « n’a pas pu être déchiqueté par les machettes » pour reprendre l’une des expressions de ce livre animé d’une foi toute fraîche, comparable à celle des premiers chrétiens.
Rescapés de Kigali, éditions de l’Emmanuel, 260 pages, 22€