Le vaticaniste italien Sandro Magister poursuit sa réflexion sur le « style Bergoglio » face aux grands événements du monde.
« La guerre des mondes dans laquelle le géant qu’était Jean-Paul II a combattu et vaincu n’est plus aujourd’hui qu’un lointain souvenir. À une époque de conflits personnalisés, de despotes, de factions armées, d’états qui volent en éclats et s’effondrent, la diplomatie se personnalise elle aussi, elle se fait "artisanale", comme aime à le dire le pape François lui-même (…) »
Dans son nouvel article «
François, ou la diplomatie des impossibles », le vaticaniste italien Sandro Magister, comme il se plait souvent à le faire, analyse «
le style Bergoglio » fait de « paroles et silences » très personnels qui, passé le premier moment de perplexité et de doute, révèlent le visage d’un pape « décomplexé » qui n’a pas peur de rompre les codes et les usages en vigueur dans l’Eglise. En toile de fonds : l’invitation historique des présidents d’Israël et de Palestine au Vatican, la situation en Syrie, le drame de Meriam Ishag condamnée à mort au Pakistan, et celui des immigrés à Lampedusa.
Premier pape non européen, premier pape jésuite…
le pape François «
remplace les négociations par la prière. Il a une préférence pour les armes surnaturelles. Mais il calcule avec une adresse consommée chacune de ses paroles. Ainsi que ses silences, comme dans le cas de la jeune mère soudanaise condamnée à mort uniquement parce qu’elle est chrétienne »,
commence l’article de Sandro Magister.
Devant ceux qui, au Vatican, assuraient au début de son pontificat «
nous n’y arriverons pas » , comme l’a révélé par la suite le pape François lui-même, en fin de compte, c’est bel et bien le 1% persévérant – représenté par lui-même – qui s’est imposé (…)
Sandro Magister : «
…
Là où la diplomatie échoue, le pape François intervient à sa manière. Par le silence, comme lors de son arrêt non programmé devant le mur de séparation de Bethléem. Par la prière et le jeûne, comme il l’a fait pour la Syrie le 7 septembre dernier… En disant la messe sur un autel construit avec des morceaux de bois provenant de bateaux naufragés, comme il l’a fait le 8 juillet sur l’île de Lampedusa, carrefour de migrants et de réfugiés (…)
C’est les mains nues, avec des armes uniquement surnaturelles, que François se rend sur les frontières les plus douloureuses du monde. Ce dont les hommes ne sont pas capables, il laisse Dieu le faire (…) Quelques jours à peine après les prières formulées par Shimon Peres et Mahmoud Abbas, une faction palestinienne a enlevé trois jeunes israéliens. Mais la diplomatie de François vit aussi de ces défaites. C’est la diplomatie des impossibles. »
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Sandro Magister sur Chiesa.espresso
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