L’adolescent de 16 ans se trouve toujours entre la vie et la mort depuis vendredi, après avoir été violemment agressé.
Un jeune adolescent rom se trouve entre la vie et la mort depuis vendredi. Agé de 16 ans, il a été agressé par une douzaine de personnes venue le trouver dans son bidonville improvisé car ils le soupçonnaient de cambriolage à Pierrefitte-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis. L’adolescent a été retrouvé vendredi soir inconscient dans un chariot de supermarché abandonné sur la Nationale 1, à proximité de la Cité des Poètes.
« Un groupe de plusieurs personnes est venu le chercher dans le campement et l’a emmené de force » a précisé une source policière. Les agresseurs l’ont ensuite séquestré et violemment frappé dans une cave. C’est sa mère qui a signalé l’enlèvement. Lorsque la police l’a retrouvé, l’adolescent, grièvement blessé, a été rapidement transporté à l’hôpital Lariboisière à Paris. Depuis, « son pronostic vital est engagé. Il est dans le coma », a signalé une source judiciaire à Libération.
Lundi matin, la famille de l’adolescent a laissé la maison désaffectée, transformée en campement. Il ne restait que des ordures entassées dans le jardin, où des cabanes de fortune avaient été bricolées. Ion Vardu, un voisin roumain de la famille, a expliqué à l’AFP que l’adolescent avait investi les lieux il y a « trois semaines environ », avec quelque 200 autres Roms originaires de Roumanie. Ils sont tous partis à la suite du drame.
Dans le quartier des poètes, le passage à tabac de ce jeune Rom surprend à peine. L’on parle de rancœur des habitants envers les tziganes du campement après des voitures aux vitres cassées et des cambriolages à répétition. « Deux ou trois jours plus tôt, les habitants du quartier m’avaient fait remonter qu’ils étaient excédés par la situation, de voir des cambriolages et des véhicules dégradés », a précisé le maire de Pierrefitte, Michel Fourcade (PS). Mais cette colère des habitants du quartier, aussi légitime soit-elle, ne devrait en rien servir de justification à des actes d’une telle violence, qui plus est dans la bouche du maire de la ville. L’élu socialiste a simplement précisé que les habitants du campement de tziganes pourraient être l’auteur de ces vols. Personne n’avait été interpellé hier soir. Si les Roms ne sont pas les bienvenus, le message ne peut être plus clair par l’inaction des autorités.
Ce drame injustifiable a malheureusement des précédents. En octobre 2012, à Marseille, des tziganes avaient été chassés de leurs abris sous la pression d’habitants hostiles, qui n’avaient pas hésité à incendier leurcampement. En mai 2013, des familles de Roms avaient été violemment agressées sur une aire d’accueil dans le Nord de la France. Plus récemment, une enquête du site d’information Mediapart avait révélé que des Roms du quartier de la place de la République, à Paris, étaient régulièrement victimes d’attaques à l’acide depuis l’été 2013. La justice avait par la suite relaxé un homme soupçonné d’avoir jeté un produit corrosif sur un matelas qu’un couple de Roms avait installé près de chez lui en mai dernier.
Cette énième tragédie visant des Roms fait émerger de nouveau les grandes problématiques que présente la présence des campements de Roms en périphérie des grandes agglomérations. Les associations s’unissent pour élever à nouveau la voix et se faire entendre face à ces injustices dont peu se préoccupent. SOS Racisme a dénoncé la « dégradation de l’image » des Roms. Les violences envers ces derniers sont en constante augmentation. L’association déplore que « ce grave passage à l’acte renvoie à la dégradation alarmante de l’image des citoyens roms ou supposés roms dans notre société ,et au résultat manifeste des tensions nauséabondes dans lesquelles sont plongés nos concitoyens ».