Le Pape a reçu hier les participants au congrès « investir pour les pauvres ». Objectif : exposer les exemples d’investissements responsables et voir comment ils s’articulent avec la mission de l’Eglise.
Comme par le passé, on a pu entendre le Pape dénoncer hier les excès de la finance. Radio Vatican rapporte ces paroles : « Nous ne pouvons tolérer plus longtemps que les marchés financiers gouvernent le sort des peuples plutôt que de servir leurs besoins, ou qu’une minorité prospère en ayant cours à la spéculation financière pendant qu’une majorité en subissent lourdement les conséquences ».
Le Saint Père a ainsi rappelé la position du Vatican à l’égard des marchés : il n’en dénonce pas l’existence, mais affirme qu’ils doivent se mettre au service du bien commun et de l’humanité. Il fustige tout particulièrement la spéculation sur les denrées alimentaires, « scandale », symptôme hideux de la dérive des marchés financiers.
Les positions du pape François vis-à-vis de la finance semblent révolutionnaires aux yeux de certains, au point qu’il a été considéré comme un marxiste aux Etats-Unis pour des propos de mêmes types, selon les Echos. Pourtant elles s’inscrivent dans la tradition de l’Eglise, et plus particulièrement dans la ligne de l’encyclique du pape Léon XIII Rerum Novarum : « La richesse a afflué entre les mains d’un petit nombre et la multitude a été laissée dans l’indigence ». Le texte dénonce « l’usure dévorante (…) elle n’a cessé d’être pratiquée sous une autre forme par des hommes avides de gain et d’une insatiable cupidité ». De la même façon, le pape François en appelle à un usage éthique de la finance.
Au centre de la réflexion des deux Papes, se trouve l’idée selon laquelle l’argent est fait pour l’homme et pas l’homme pour l’argent. Le pape François, a assisté aux dérives les plus extrêmes de la finance mondialisée et va donc logiquement encore plus loin dans la critique. Dans une intervention précédente, rapportée par Slate, il analysait : « L’adoration de l’antique veau d’or a trouvé une nouvelle et impitoyable version dans le fétichisme de l’argent et dans la dictature de l’économie sans visage ». Lorsque l’argent devient le maître, il relègue l’homme de plus en plus bas, jusqu’à en faire un « déchet », selon une formule célèbre du pape François «l’être humain est un bien de consommation qu’on peut utiliser et, ensuite, jeter».