Le journaliste italien Aldo Maria Valli revient sur les récentes déclarations du pape François sur la corruption.
« Il est facile d’entrer dans les groupes de la corruption. » Le pape François a encore frappé. Lundi 9 juin, lors de la messe matinale dans la résidence Sainte Marthe, le Saint-Père évoquait la question de la corruption. Dans son homélie, il pointait du doigt « cette politique quotidienne du doute » où « les affaires sont tout ».
Pour le Pape, il s’agit d’une conduite qui porte surtout préjudice aux plus faibles. « Combien de personnes souffrent à cause de ces injustices ! ». « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » s’est exclamé François. Il a aussi rappelé ces paroles du Christ : « Heureux les persécutés pour la justice. » Des mots sincères mais sont-il suffisamment forts ?
Dans les circonstances actuelles, il est certain que les positions de François devraient être diffusées le plus largement possible. Les cas récents de corruption en Italie montrent que cette mauvaise herbe est bel et bien toujours présente. Et surtout, elle a grandi et s’est renforcée. Et les chrétiens, que font-ils pour combattre la corruption ? Une question naïve, pourraient dire certains. Le vénérable François-Xavier Van Thuân, ancien cardinal vietnamien dont le procès de béatification est ouvert (cf Aleteia), ne pensait pas de la sorte. Celui qui a été prisonnier pendant 13 ans du régime communiste écrivait : « non seulement on ne doit pas tolérer la corruption, mais il est nécessaire de la prévenir en agissant à temps. Sinon, la catastrophe se produit et tout s’effondre. »
Voici un extrait de son livre La joie de vivre la foi : « Plus on attend, plus graves seront les conséquences. Si l’on a des preuves concrètes, il ne faut surtout pas les cacher. Lorsque Jésus a vu les marchands du Temple, il les chassa immédiatement. Il n’a pas perdu de temps en faisant appel au chef des prêtres. Certes, en agissant de la sorte il a attisé la haine de certains. Mais les personnes de bonne volonté ont compris ce qu’il faisait et ils l’ont admiré. »
Après avoir écouté les paroles de François, j’ai recherché ce qu’avait exactement dit Van Thuân Je me rappelais en effet que le cardinal vietnamien avait parlé de ce sujet. Il me semblait également qu’il avait fait référence au concept d’honneur. Chose que nous autres occidentaux, et les Italiens en particulier, avons vraisemblablement perdu. Après quelques recherches, j’ai retrouvé les passages en question. Dans La joie de vivre la foi, Van Thuân cite Jean-Paul II (Veritatis splendor), qui lui-même citait Juvenal : « Voyez quelle infamie terrible de préférer la vie à l’honneur et, pour sauver sa vie, perdre sa raison de vivre. »
L’infamie terrible consiste à perdre l’honneur de sa vie, à force de rechercher succès et richesse. Mais, qui parle encore d’honneur ? Ce mot semble être d’un autre temps, adressé aux personnes simples et, disons-le, pauvres.
À l’inverse, le vénérable cardinal n’avait pas peur de dire les choses telles qu’elles étaient : « L’honneur d’une personne se base sur l’honnêteté. » « Qui n’a pas d’honneur est déloyal, faux avec ses amis et avec les êtres qui lui sont chers. Il entraîne alors destruction dans son entourage familial et génère un climat d’éclatement dans la société et le pays. »
Par Aldo Maria Valli
Article traduit de l’édition espagnole d’Aleteia par Gaëlle Bertrand.