Bachar Al Assad devrait être réélu aujourd’hui avec un score probablement supérieur à 90%. L’opposition dénonce une farce…
Avec face à lui deux quasi inconnus, Bachar Al Assad ne court aucun risque. Ses adversaires, Maher Al-Hajjar, un parlementaire alépin, et Hassan Al-Nouri, un entrepreneur, sont inconnus du grand public. Michel Kilo, un opposant cité par le Monde s’emporte : « C’est comme si Hitler avait organisé des élections en 1944 ». Passons sur l’absurdité de la comparaison, mais la réaction de Mr Kilo est typique de celles que l’on trouve dans la presse occidentale, qui dénonce, avec raison, une élection sans opposition crédible.
On peut en revanche s’interroger sur l’opportunité de l’interdiction de cette élection sur le sol français, voulue par le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius. Celui-ci a interdit aux Syriens résidant en France de voter dans leur ambassade, ce qui est intenable juridiquement. Devant la volonté affichée d’un collectif de Syriens de voter en Belgique pour contourner cette interdiction, il a obtenu que la Belgique et l’Allemagne interdisent eux aussi le vote syrien sur leur propre territoire. Un mauvais film, qui rend théoriquement ces pays européens passibles de la Cour Internationale de Justice. Qui les met aussi dans le « camp » des seuls autre pays à avoir adopté cette attitude, à savoir les états de la péninsule arabique.
Ces élections, largement décriées et qui se tiennent dans un contexte peu favorable à un vote démocratique, seraient largement suivies par les Syriens selon nos confrères d’Aleteia en langue arabe. Un Syrien chrétien témoigne : «Certains hommes d’affaires résidant dans la péninsule arabique ont fait le déplacement en avion simplement pour voter ». Il nous confirme que parmi ceux qui réélisent Bachar al Assad, certains manifestaient contre lui avant le déclenchement de la guerre civile. Mais les Syriens veulent en finir avec cette guerre. A leurs yeux, en votant pour Bachar, ils ont le sentiment d’œuvrer pour l’unité de la Syrie, en espérant la « délivrer des barbares », pour reprendre une expression de Machiavel. Les djihadistes étrangers voient bien le danger que représente pour eux se sentiment nationaliste, et ils ont intensifié les bombardements à la veille des élections selon le Figaro.
Comme notre interlocuteur, de nombreux Syriens souhaiteraient voir l’émergence de nouveau partis, entrevoir une alternance au clan Assad. Il gouverne le pays depuis l’accession au pouvoir de Hafez el-Assad, le père de Bachar, en 1970 ! Mais pour le moment, ce n’est pas leur priorité. L’expérience de la guerre civile a regonflé le patriotisme des Syriens, et a surtout engendré un sentiment de très grande méfiance vis-à-vis de la « communauté internationale ».