Mal nourris ou malades, de nombreux enfants confiés aux soeurs du Bon Secours entre 1925 et 1961 sont morts en bas âge.
C’est une bien triste histoire qui refait surface cette semaine en Irlande. C’est dans les années 70 que les squelettes de nombreux enfants, âgés de 2 jours à 9 ans avaient été découverts en jouant par deux jeunes garçons de 12 ans, Barry Sweeney and Francis Hopkins, en jouant près d’une ancienne citerne en béton. Et l’histoire était retombée dans l’oubli. C’est une historienne locale, Catherine Corless, qui a fait réapparaître l’affaire en première page des médias. A la recherche d’un cimetière pour nouveaux nés dont on lui avait parlé, elle a découvert l’existence de ces enfants sans ni tombe en se plongeant dans les archives de l’ancien couvent de Tuam, aujourd’hui remplacé par un lotissement. Alors que leur naissance apparaissait dans les registres locaux, aucun certificat de décès n’y figurait, de même que nulle tombe les concernant n’existait dans les cimetières alentours.
Même si peu à peu, la lumière se fait sur cette affaire, mettant en lumière l’état de misère dans lequel se trouvait l’Irlande à cette époque, ce sont tout de même plusieurs centaines d’enfants qui sont morts après avoir vécu leurs quelques années d’enfance dans le dénuement le plus total, entre les murs du couvent «The Home» à Tuam, près de Galway, en Irlande. Ce couvent géré par les sœurs du Bon Secours, qui a fermé ses portes en 1961, était l’un de ces nombreux établissements, tant catholiques que protestants, qui accueillaient alors les "filles mères" un peu partout en Irlande. Ces jeunes femmes non mariées étaient contraintes d’abandonner leur enfant. Mais en fait, la plupart d’entre eux mouraient en bas âge.
En 1944, une inspection de santé effectuée au couvent a permis de garder une trace des conditions de vie entre ses murs : en avril 1944, 271 enfants et 61 mères célibataires s’y trouvaient. Le rapport parle notamment de 31 enfants dans une même pièce "de pauvres bébés, émaciés et mal nourris", âgés de trois semaines à 13 mois. La plupart n’ont pas survécu. Si, aujourd’hui, on ne peut qu’être horrifié tant par les conditions de vie que par la mort de tant d’enfants, elle semble hélas être également le reflet de la misère la plus totale dans laquelle se trouvait l’Irlande d’alors. Reste qu’aujourd’hui, des voix s’élèvent pour offrir une sépulture décente à tous ces enfants. Un proche d’un enfant "accueilli" dans cette institution a par ailleurs récemment déposé plainte afin que toute la lumière soit faite sur la mort de ces enfants, et une enquête a été ouverte par les autorités irlandaises. Une collecte de fonds a par ailleurs été lancée à l’initiative de Catherine Corless et du Children’s Home Graveyard Committee afin d’élever un mémorial sur lequel serait gravé le nom de chaque enfant.