« De grandes tâches attendent le Parlement nouvellement élu », déclare le cardinal Reinhard Marx qui se dit inquiet de « l’augmentation des votes en faveur de partis qui rejettent le projet d’intégration »18/05/2014
Comme l’avait souligné Aleteia, la hiérarchie de l’Eglise continue contre vents et marées à soutenir l’unité de l’Europe. Une nouvelle preuve en est donnée par cette déclaration du cardinal Reinhard Marx, président des évêques d’Allemagne et de la COMECE commentant le résultat des élections européennes. Pour lui, « l’Europe est et reste un projet de paix et de réconciliation, et c’est à ce titre que ce projet est accompagné et soutenu positivement par l’Église catholique. »
Le cardinal rétablit d’abord dans ses justes proportions le résultat de ses élections que les commentaires, en France, ont tendance à déformer en raison du succès du Front national : «… une grande majorité des citoyens ayant participé au scrutin, ont accordé leur suffrage à des candidats pro-européens. Cela permettra au Parlement de poursuivre son travail pour le bien de tous les européens avec des hommes et des femmes dévoués et compétents. »
Mais ajoute-t-il aussitôt : « Un sujet de préoccupation est la relativement forte augmentation des votes en faveur de partis qui rejettent le projet d’intégration européenne et qui ont même été en mesure de réunir la majorité des votes dans certains États membres tels que la France, le Danemark et le Royaume-Uni. Certains de ces partis ne sont pas seulement populistes mais nationalistes et xénophobes, une attitude qui est inacceptable pour les chrétiens et qui menace la coexistence pacifique des peuples. »
Les programmes ouvertement racistes voire « nazi » comme l’Aube dorée grecque ou le NPD allemand méritent clairement cet anathème, sans doute aussi dans une moindre mesure le FPÖ autrichien. Ces partis pèsent toutefois nettement moins dans la balance que ceux qui sont sortis vainqueurs des urnes en France, au Royaume-Uni et au Danemark : le Front National, l’Ukip, qui réclame la sortie du Royaume-Uni de l’UE, et le Parti du peuple danois qui a fait de l’immigration son cheval de bataille (notons que ces deux derniers partis se démarquent systématiquement du FN français, ce qui rend leur alliance à Strasbourg très hypothétique).
S’il se refuse à « faire de Bruxelles le bouc émissaire pour notre malaise politique », le cardinal Marx ne veut pas ignorer le mécontentement exprimé par une partie de l’électorat. Il souligne tant à l’intention des politiques que des médias qu’il faut, plus que jamais, « mener les débats sur les questions européennes qui affectent tous les citoyens, de façon publique et transparente ».
Surtout, le cardinal invite à se tourner vers l’avenir. A ses yeux, les résultats des élections européennes « ne constitue pas une fin en soi, mais bien plutôt le début d’un processus de renouvellement à la tête des institutions de l’Union européenne. » Et d’en rappeler les prochaines étapes : formation des groupes politiques au sein du Parlement européen, proposition par les chefs d’État et de gouvernement d’un nouveau Président de la Commission qui devra être élu et investi, ainsi que la nouvelle Commission, par le Parlement, choix enfin à l’automne, d’un nouveau président du Conseil européen. Des « postes clés » sur lesquels le cardinal dit son espérance d’un accord rapide des partis politiques et des États.
Mais attention, avertit le cardinal : « Le programme avec lequel se présenteront les candidats au poste de Président de la Commission sera un élément décisif. » Et de rappeler les critères soulignés par la COMECE dans sa précédente déclaration en amont des élections européennes (cf. Aleteia) : respect de la dignité humaine, réorientation de l’économie « selon les principes de l’économie sociale de marché »; des accords commerciaux au service des européens, mais sans oublier d’autres continents, comme l’Afrique; lutte contre le chômage, « une politique de migration juste et équitable, qui vise à prévenir à l’avenir des catastrophes telles que Lampedusa »; des mesures énergiques pour une politique de protection du climat et des politiques globales de durabilité; la préservation de la paix et de la sécurité. Autant de questions de fond sur lesquelles la COMECE poursuivra son travail avec les institutions de l’UE, annonce-t-il.
Enfin, contrairement à l’idée la plus répandue qui voudrait que les choses soient « pliées » et qu’une fois leur bulletin déposé dans l’urne, les électeurs n’aient plus prise sur l’avenir de l’Europe, le cardinal appelle à la mobilisation de chacun : « Au final, la réussite du travail politique en faveur du bien commun européen dépendra de tous les citoyens, en particulier des chrétiens engagés. Ce travail en Europe ne fait que commencer. Je tiens à féliciter très chaleureusement les députés nouvellement élus ou réélus, et je leur souhaite la bénédiction de Dieu pour leur travail. La COMECE continuera à accompagner la politique européenne de façon critique et constructive, en puisant dans la Doctrine sociale de l’Eglise et en la portant dans la prière. »
Vœu pieu ? Mais le fait est que cette mobilisation est déjà une réalité dont Aleteia ne cesse de se faire l’écho avec l’initiative européenne One of us/Un de nous (malgré le nouveau camouflet que vient de lui infliger la Commission européenne – mais le combat se poursuit cf. Aleteia), ou encore avec l’interpellation des candidats et maintenant le suivi vigilant des élus par Europe for Family, le dispositif initié par la Manif pour tous.