À son arrivée en Jordanie, le Pape exprime sa “douleur” devant les conflits qui déchirent le Moyen-Orient. Découvrez l’intégralité de son discours.
24/05/14
Après une rencontre privée avec le roi Abdallah II et sa famille, le Pape François s’est adressé aux plus hautes autorités du royaume hachémite, les chefs religieux et le corps diplomatique, soit quelque 300 personnes rassemblées dans le grand salon du palais royal Al-Husseini, à Amman.
Le Roi Abdallah II s’est adressé au Pape, dans un discours prononcé en anglais et en arabe. Le souverain hachémite a chaleureusement souhaité la bienvenue au Pape, saluant son engagement pour la Paix et l’harmonie entre les religions et les cultures. Le Roi Abdallah II a d’ailleurs annoncé la tenue au Vatican, en novembre prochain, d’une rencontre en vue de promouvoir le dialogue interreligieux.
Le Pape s’est adressé, à son tour, au Roi et à son auditoire. Dans son discours, François n’a pas hésité à évoquer les deux principaux conflits qui déchirent la région : la crise syrienne et le conflit israélo-palestinien. Le Souverain Pontife a exprimé sa douleur face à la permanence de fortes tensions au Moyen-Orient. Il a également tenu à renouveler son profond respect et son estime pour la communauté musulmane tout en plaidant en faveur du respect de la liberté religieuse partout au Moyen Orient et dans le monde entier.
Le Pape François a rendu un hommage appuyé à la Jordanie, un pays qui accueille généreusement des réfugiés palestiniens, irakiens et syriens et qui, dit-il, mérite l’estime et le soutien de la communauté internationale. Le Souverain pontife a par ailleurs exprimé sa reconnaissance aux autorités du Royaume hachémite pour avoir encouragé diverses initiatives importantes en faveur du dialogue interreligieux, parmi lesquelles le Message Interreligieux d’Amman. Le Pape François a enfin souhaité que sa visite en Jordanie contribue à augmenter et à promouvoir les bonnes et cordiales relations entre chrétiens et musulmans.
Ci-dessous, l’intégralité du discours du Pape aux autorités jordaniennes :
Je remercie Dieu de pouvoir visiter le Royaume Hachémite de Jordanie, sur les traces de mes prédécesseurs Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI, et je remercie Sa Majesté le Roi Abdullah II pour ses cordiales paroles de bienvenue, dans le vivant souvenir de notre récente rencontre au Vatican. J’étends mon salut aux membres de la famille royale, au Gouvernement et au peuple de Jordanie, terre riche d’histoire et de signification pour le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam.
Ce pays fait un accueil généreux à un grand nombre de réfugiés palestiniens, irakiens, et provenant d’autres régions en crise, en particulier la Syrie toute proche, bouleversée par un conflit qui dure depuis trop longtemps. Un tel accueil mérite l’estime et le soutien de la communauté internationale. L’Eglise Catholique, selon ses possibilités, veut s’engager dans l’assistance aux réfugiés et à ceux qui vivent dans le besoin, surtout par l’intermédiaire de Caritas Jordanie.
Alors que je constate avec douleur la permanence de fortes tensions au Moyen Orient, je remercie les Autorités du Royaume pour ce qu’elles font et je les encourage à continuer de s’engager dans la recherche d’une paix durable, souhaitée pour toute la région ; dans ce but une solution pacifique à la crise syrienne est plus que jamais nécessaire et urgente, ainsi qu’une solution juste au conflit israélo-palestinien.
Je profite de cette occasion pour renouveler mon profond respect et mon estime pour la communauté musulmane, et manifester mon appréciation pour le rôle de guide joué par Sa Majesté le Roi dans la promotion d’une plus juste compréhension des vertus proclamées par l’Islam, et la sereine cohabitation entre fidèles des différentes religions. J’exprime ma reconnaissance à la Jordanie pour avoir encouragé diverses initiatives importantes en faveur du dialogue interreligieux pour la promotion de la compréhension entre Juifs, Chrétiens et Musulmans, parmi lesquelles le « Message Interreligieux d’Amman », et pour avoir promu au sein de l’ONU la célébration annuelle de la « Semaine d’Harmonie entre les Religions ».
Je voudrais maintenant adresser un salut plein d’affection aux communautés chrétiennes qui, présentes dans le pays depuis les temps apostoliques, offrent leur contribution au bien commun de la société dans laquelle elles sont pleinement insérées. Bien qu’étant aujourd’hui numériquement minoritaires, elles peuvent développer une action qualifiée et appréciée dans les champs éducatif et sanitaire, par des écoles et des hôpitaux, et elles peuvent professer avec tranquillité leur foi, dans le respect de la liberté religieuse qui est un droit humain fondamental et que je souhaite vivement être tenu en grande considération partout au Moyen Orient et dans le monde entier. Celui-ci « comprend à la fois au niveau individuel et collectif, la liberté de suivre sa conscience en matière religieuse et la liberté de culte… la liberté de choisir la religion que l’on juge être vraie et de manifester publiquement sa propre croyance » (Benoît XVI, Exort. Ap. Ecclesia in Medio Oriente, n. 26). Les chrétiens se sentent et sont citoyens à part entière, et ils entendent contribuer à la construction de la société avec leurs concitoyens musulmans, en offrant leur contribution propre et spécifique.
J’adresse enfin un souhait spécial pour la paix et la prospérité du Royaume de Jordanie et de son peuple, avec le vœu que cette visite contribue à augmenter et à promouvoir les bonnes et cordiales relations entre chrétiens et musulmans.
Je vous remercie pour votre accueil et votre courtoisie. Que Dieu Tout Puissant et Miséricordieux accorde à Vos Majestés bonheur et longue vie, et qu’il comble la Jordanie de ses bénédictions. Salam !