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Le curé de Taybeh, Cisjordanie : «Nous attendons du Pape une parole ferme et forte»

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Sylvain Dorient - publié le 24/05/14
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Le père Aziz est le curé de la paroisse de Taybeh, petit village chrétien en Cisjordanie. Il nous fait part de sa préocupation pour ses paroissiens, enclavés et privés de droits.
24/05/14

Taybeh est une minuscule enclave entièrement chrétienne dans un territoire occupé par Israël, et majoritairement musulman. Cela va-t-il compliquer les préparatifs pour la venue du Pape ?
Père Aziz : Avant tout, cette venue est une grande joie pour nous, et nous préparons notre chorale qui aura l’honneur de chanter au pape François le Notre Père en Araméen. Comme c’est le mois de Marie, nous prions Notre-Dame de Palestine en attendant cet événement heureux. Mais nous regrettons d’avoir obtenu si peu de laissez-passer. Seule une cinquantaine d’entre nous pourra se rendre à Bethléem sur 630 paroissiens. Nous ne sommes pas autorisés à nous rendre à Jérusalem, et à vrai dire, il devient exceptionnel pour les chrétiens de Cisjordanie de se rendre dans cette ville qui fut leur capitale spirituelle. Même pour la vingtaine de prêtres palestiniens dont je suis, les déplacements sont devenus tellement difficiles que nous devons renoncer à toute une partie de la pastorale. Nous avons fait parvenir une lettre au Pape, en espérant qu’il portera notre parole.
 
Craignez-vous de voir vos paroissiens quitter la Terre Sainte ?
Père Aziz :
C’est mon souci quotidien. Les jeunes couples s’installent peu à Taybeh, ils préfèrent trouver une situation à l’étranger. Beaucoup d’entre eux travaillaient en Israël, mais avec la restriction des déplacements, c’est devenu absolument impossible. Le taux de chômage est terrifiant, beaucoup de jeunes gens vivent encore chez leurs parents et ne peuvent pas s’installer en ménage. Ils ne peuvent pas bâtir de nouvelles maisons, car elles risqueraient d’être détruites pour une raison ou pour une autre par l’autorité israélienne. Sur les hauteurs qui surplombent le village, les colonies s’élargissent et l’une d’entre elles menace de couper le terrain du Patriarchat latin. L’armée israélienne fait des incursions, ils ont par exemple réalisé des exercices de nuit dans le village sans prévenir personne. Et récemment, des colons se sont amusés à planter un drapeau israélien sur l’ermitage de Taybeh, ce qui en dit long sur leurs intentions !
 
Que peut faire le pape François dans ces conditions ?
Père Aziz :
S’il parle ouvertement et fermement de la situation des 50 000 chrétiens de Cisjordanie, en condamnant l’occupation israélienne, il peut faire beaucoup. Voudrait-il d’une Terre Sainte vide de chrétien ? Peu de gens savent seulement que nous existons, et nous avons le sentiment d’être abandonnés. Les juifs ont des soutiens internationaux puissants, et nous, qui nous soutiendra, sinon notre Eglise et le Pape !?

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