A la veille du voyage papal, focus sur la situation des chrétiens, qui ne représentent que 2% de la population de Terre Sainte.
23/05/14
Actuellement, 500 000 chrétiens vivent en Terre Sainte. Ils représentent 2% des habitants de la région, rapporte en ligne The Times of Israel. Si l’on constate de manière générale une diminution de la communauté chrétienne dans toute la région, ces données démographiques sont à nuancer. A cet égard, Aleteia a sollicité l’avis de Sergio Della Pergola, professeur israélien d’origine italienne, l’un des principaux experts en démographie et statistiques du monde, concernant la population israélienne.
En Cisjordanie et à Jérusalem, 50 000 chrétiens sont recensés mais leur présence est en baisse à Jérusalem même, où ils sont aujourd’hui 8 000, contre 30 000 avant 1948. Dans la bande de Gaza, la situation est plus grave : le nombre de chrétiens a fortement chuté au cours des dernières années, à tel point qu’aujourd’hui la communauté atteint à peine les 1500 personnes.
Interrogé sur les causes d’une telle baisse, le démographe précise qu’en dépit de ces chiffres inquiétants pour le Moyen-Orient, la communauté des chrétiens en Israël est en constante augmentation: “Il y a aujourd’hui 160 000 chrétiens en Israël […], le nombre a plus que doublé au cours des 40 dernières années.”
Il poursuit: “En revanche, les communautés chrétiennes en territoire palestinien sont en constante diminution, et je crois que c’est un phénomène encore plus ample, or dans l’esprit des communautés chrétiennes du Moyen-Orient, qui sont une réalité très ancienne, très importante, constituée de plusieurs millions de personnes, il y a le risque que les situations soient confondues. Il existe malheureusement une situation de grave persécution et de malaise pour les communautés chrétiennes un peu partout dans le monde islamique. Nous voyons les massacres perpétrés en Egypte, en Irak, la situation est devenue très difficile au Liban, et ne parlons pas de la Syrie. Les territoires palestiniens ne sont pas épargnés par la grave diminution des communautés chrétiennes qui est due au pouvoir sans bornes des fondamentalistes musulmans sur les terres palestiniennes."
Le démographe confirme un véritable exode à Gaza, de même qu’à Bethléem et à Ramallah-Al-Bireh, deux points fondamentaux dans l’histoire du christianisme, qui s’explique par l’islamisation forcée des territoires palestiniens, notamment depuis la prise de contrôle de Gaza par le Hamas en 2007.
Le problème se pose différemment en Israël: “On peut hélas y déplorer des actes de vandalisme […] et il y a eu des événements regrettables dernièrement pour les chrétiens en Israël (cf. Aleteia), mais ces faits ne doivent pas être confondus avec une dimension générale de bien-être et de développement socio-économique et religieux”, ce qui explique que l’impact démographique soit inversé en Israël, conclut-il.
Selon The Times of Israel, l’Etat d’Israël compte environ 160 000 chrétiens sur 8,2 millions d’habitants, dont près de 80% appartiennent à la minorité arabe, restée après l’indépendance d’Israël en 1948. La moitié d’entre eux sont catholiques.
A cela s’ajoute une immigration en constante augmentation de chrétiens non-arabes en provenance de l’ex-URSS essentiellement, devenus ressortissants israéliens en vertu de la loi du retour votée en 1950, qui offre la nationalité israélienne aux enfants ou aux conjoints de juifs.
A noter également que 60 000 migrants catholiques romains, venus d’Afrique et d’Asie, résident en Israël, sans en posséder la nationalité, d’après le patriarcat latin de Jérusalem.
Enfin, c’est en Jordanie que se concentre la plus large partie des chrétiens de Terre Sainte, qui sera la première destination du pèlerinage apostolique du Pape (cf. Aleteia). Les 200 000 fidèles y vivent relativement en paix, et leur liberté de culte est respectée. Malgré la position très minoritaire de ces derniers, le gouvernement a réservé le plus grand stade de football de la capitale pour la venue du Saint-Père.
ST
Propos recueillis par Corrado Paolucci