Contrairement à ce qu’avait affirmé un tabloid allemand, le cardinal n’est pas sous le coup d’une enquête pénale. Explications.
21/05/14
Au lendemain de la publication du rapport annuel de l’Autorité d’Information financière du Saint-Siège et de l’Etat du Vatican, le journal allemand Bild Zeitung, affirmait que l’ex numéro 2 du Vatican était visé par une enquête pénale pour avoir détourné 15 millions d’euros de l’IOR au profit de la société de production audiovisuelle de Ettore Bernabei, Lux Vide (cf. Aleteia ): la société en question a toujours été proche du Vatican car elle réalise de nombreux films au contenu religieux.
Hier en fin d’après-midi, le porte-parole du Saint-Siège Federico Lombardi mettait fin aux rumeurs en assurant qu’il n’existait “aucune enquête à caractère pénal de la part de la magistrature vaticane à l’encontre du cardinal Tarcisio Bertone”. Néanmoins, si l’affaire ne relève pas officiellement du pénal, il semblerait que la gestion de l’IOR et de l’utilisation de ses capitaux soit bien en cause.
L’hebdomadaire italien Il Panorama a reconstitué les faits permettant d’arriver à cette conclusion. D’après le journal, le prêt en obligations convertibles (d’un montant de 8 469 743,61 millions d’euros) contracté par Lux Vide et constitué de 16 500 572 obligations nominatives, prenait fin le 31 janvier 2013. La société a donc sollicité l’aide du Vatican, et plus particulièrement de l’IOR, à l’époque où Tarcisio Bertone était président de la Commission cardinalice de surveillance. Etant sans président depuis la démission d’Ettore Gotti Tedeschi en mai 2012, le transfert des obligations s’est opéré sans le contrôle des organes collégiaux de surveillance et de contrôle de l’institut de crédit du Vatican. Mgr Bertone a reçu l’accord de la commission cardinalice de surveillance peu de temps avant que Benoît XVI ne quitte ses fonctions, le 28 février dernier. L’Allemand Ernst von Freyberg est alors élu à la tête de l’IOR.
En juillet 2013, quelques mois après le début de son pontificat, le pape François entame sa fameuse “révolution” financière, et demande ainsi une analyse approfondie des comptes, qui sera confiée à la société américaine Promontory. Immédiatement, l’affaire Lux Vide refait surface. “En décembre 2013, écrit Il Panorama, la Commission cardinalice de surveillance est convoquée et met à l’ordre du jour le problème de l’exposition envers Lux Vide, entre autres. La commission décide alors de résoudre (dissoudre) l’accord avec l’IOR et de transférer les obligations, converties en actions, à une fondation proche du Saint-Siège”.
Cette opération, qui serait survenue fin 2013, a entraîné une perte pour l’IOR de 15 millions d’euros nets, qui seront dès lors reportés sur le prochain bilan annuel. À la lumière de ces faits, il apparaît crédible qu’il n’y ait pas de poursuite pénale.
Toutefois, comme le fait également remarquer l’hebdomadaire, il est plus que probable que des affaires similaires émergent dans les mois à venir, compte tenu des importantes mesures récemment engagées par les nouveaux organes de contrôle et de gestion du Vatican.