La Libye s’enfonce dans un conflit qui menace de dégénérer en guerre civile, loin des espoirs soulevés en Occident par l’élimination du colonel Khadafi
La ville de Benghazi, à l’Est de la Libye fut le premier foyer de résistance au régime de Khadafi, mais les groupes islamiques présents sur place ne se montrent pas plus coopératifs avec le nouveau régime qu’avec l’ancien. Les policiers et militaires libyens, ainsi que les occidentaux sont régulièrement pris pour cible. Le 8 mai dernier, le colonel Ibrahim Al-Senoussi Akila, chargé des renseignements dans l’est du pays, a été assassiné à Benghazi.
Face à cette situation, l’ « Armée nationale libyenne » a lancé une opération de grande envergure, en attaquant notamment des positions tenues par des groupes islamiques à l’aide d’hélicoptères de combat… Une opération qui s’apparenterait à une reprise en main du pouvoir de Tripoli… mais tout est compliqué en Libye : « l’Armée nationale libyenne » est une armée indépendante, qui n’est pas reconnue par le pouvoir central de Tripoli. Son chef, le lieutenant-général Khalifa Haftar, est officiellement à la retraite après une carrière chargée. Au côté de Khadafi, il a participé à la destitution du roi de Libye Idris 1er. Fait prisonnier en 1987 lors du conflit tchado-lybien, il est désavoué par Khadafi. Il doit sa libération à la CIA, qui le récupère en 1990 et l’entraîne pour des opérations futures. En 2011, il retourne en Libye où il participe à la guerre civile. Brièvement considéré comme le commandant en chef des armées lybiennes, il n’est pas reconnu par les autorités de Tripoli. En février 2014, il annonçait à la télévision que « le gouvernement libyen est suspendu », il se défendait de vouloir organiser un coup d’état mais réclamait « une nouvelle route pour la Lybie ».
Dans ce contexte, l’opération – baptisée « Dignité » – menée contre les islamistes de Benghazi ressemble à un coup de communication, destinéà faire apparaître Khalifa Haftar comme le nouvel « homme fort » de Lybie. Elle aurait fait 79 morts et 141 blessés selon un communiqué du Ministère lybien de la santé. L’autorité libyenne a réagi en condamnant l’opération et en créant une zone d’exclusion aérienne au-dessus de Benghazi. Nous ne savons pas si c’est imputable à Haftar, mais dimanche dernier (18 mai), le siège du Congrès général national (CGN, Parlement), à Tripoli, a été attaqué. L’officier « à la retraite » s’est formellement défendu d’avoir tout lien avec cette action : « Mon objectif n’est pas de prendre le pouvoir mais de combattre le terrorisme ».
Magré ces évènements graves, le Vicaire apostolique de Tripoli , Mgr Giovanni Innocenzo Martinelli s’est voulu rassurant, affirmant sur Radio Vatican « Les habitants de Lybie ne sont pas des gens violents, ils ne veulent pas le fondamentalisme ou la guerre (…) nous vous demandons d’être avec nous par la puissance de la prière ».
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