En trois jours, six nouveaux cas de chrétiens dénoncés pour offense aux sentiments de musulmans.19/05/2014
La loi sur le blasphème vient de faire de nouvelles victimes. Les derniers cas enregistrés par l’Agence Fides concernent des chrétiens, des ahmadis – considérés comme des musulmans déviants – et une chaîne de télévision populaire, Geo TV.
Un cas de blasphème a été enregistré dans le village de Mirpur Khas, en province du Sindh, à l’encontre de quatre chrétiens : Javed Masih, son épouse Nazia, Rose Marry et Cavell David. Le musulman qui a porté plainte contre eux, Hafiz Shah Fahad, affirme que les chrétiens prêchaient dans la gare de Mirpur et qu’ils ont en cela gravement blessé les sentiments des musulmans. La police a arrêté tous les chrétiens pour les interroger.
Le 16 mai, un autre épisode grave a concerné la communauté des ahmadis, considérée comme une secte par certains autres musulmans. Un adolescent a tué Khalil Ahmad, membre de la communauté ahmadie, dénoncé pour blasphème, alors qu’il se trouvait à l’intérieur d’un commissariat de police au Pendjab.
Et puis troisième accusation récente de blasphème contre la chaîne de télévision pakistanaise populaire Geo TV. Sahibzada Hamid Raza, Président du forum musulman Sunni Ittehad Council, accuse la chaîne « d’avoir blessé les sentiments religieux de millions de personnes ». Il a émis une fatwa contre cette chaîne, invitant les musulmans à la boycotter après la transmission de contenus blasphématoires. La plainte se base sur le fait que la chaîne a transmis des images de danses sur une musique sufi qui, selon la tradition, se réfère directement à Mahomet et à sa famille.,
Selon la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale, Le Pakistan est officiellement le pays qui emprisonne le plus de citoyens soupçonnés de porter atteinte à la religion, et à l’islam tout particulièrement.
La fameuse loi anti-blasphème en vigueur au Pakistan est à l’origine de bien des persécutions. Et la liste des condamnations à mort ne cesse de se prolonger comme celle contre un couple accusé d’avoir envoyé des SMS blasphématoires à un imam, le 4 avril dernier (cf. Aleteia), sans oublier le cas d’Asia Bibi, arrêtée en juin 2009 pour « blasphème » et condamnée à mort en novembre 2010, qui attend d’être fixée sur son sort. Son cas devrait être discuté devant la Haute Cour de Lahore, le 27 mai prochain.
Au début du mois de mai, de nombreuses organisations de la société civile, composée en grande partie de musulmans pakistanais, sont descendues dans les rues de Faisalabad pour « demander une révision de la loi sur le blasphème et l’introduction d’un mécanisme qui contrôle et punisse les fondamentalistes, responsables d’avoir détruit la paix et l’harmonie sociale en abusant aveuglément de cette loi, tuant des personnes innocentes » (Fides) .