A Genève, une délégation de responsables des Eglises syriaque orthodoxe, grecque orthodoxe, grecque melkite catholique et catholique romaine de Syrie déplore la présentation souvent unilatérale du conflit en Occident.
14/05/14
«Allez donc voir ce qui se passe dans les pays de la région qui soutiennent la rébellion…», répond Mgr Giuseppe Nazzaro aux journalistes l’interrogeant sur le respect des droits de l’homme sous le régime de Bachar al-Assad, le président syrien. Originaire d’Italie, l’évêque a passé ces quinze dernières années en Syrie et se montre peu tendre envers les pays qui soutiennent ostensiblement les opposants syriens : Quatar et Arabie Saoudite.
Mgr Nazzaro était l’invité, le 8 mai, du Club suisse de la Presse à Genève, où se sont exprimés d’une seule voix les représentants des Eglises chrétiennes en Syrie. Il a dénoncé une série de manipulations de la vérité dont un exemple particulièrement sanglant qui s’est déroulé le 2 juin 2012 dans la ville de Jisr al-Choughour, sur le fleuve Oronte, dans le nord-ouest de la Syrie : «Les terroristes se sont emparés d’un poste de police et ont tué tous les policiers qui étaient là. Ils ont été égorgés. Puis ils ont utilisé le téléphone de la station et ont appelé pour une rencontre générale les autres policiers dépendant du poste. Ils étaient au total 120. Ils ont été égorgés et leurs têtes ont été mises sur le mur de la caserne. Les corps ont été jetés dans le fleuve», décrit Mgr Nazzaro.
Les médias occidentaux n’en ont pas parlé sur le moment, mais une information est apparue huit jours après, selon laquelle la police syrienne avait tué 120 personnes qui s’opposaient à la répression des manifestants, dénonce Mgr Nazzaro. Selon lui les informations qui circulent dans les grands médias visent toutes à déstabiliser le régime, et participent à une logique de guerre. La délégation à laquelle il s’est associé demande à ce que « toutes les parties en conflit et les puissances qui les soutiennent cessent d’alimenter cette guerre et les crimes contre l’humanité qui en découlent ». Au crédit de la version de Mgr Nazzaro, précisons que le massacre des policiers a eu lieu le 6 juin 2012, une date à laquelle l’armée syrienne n’avait pas encore reconquis Jisr al-Choughour.