La rencontre entre le Pape et les séminaristes lundi 12 mai a pris la tournure inattendue d’un dialogue de plusieurs d’entre eux avec le Saint-Père.
14/05/14
Alors que dimanche dernier, l’Église priait pour les vocations, le Saint-Père a reçu en audience lundi 12 mai les étudiants des écoles pontificales de Rome, dans la salle Paul VI.
La rencontre, loin de ressembler à une simple homélie, s’est rapidement transformée en véritable dialogue, au cours duquel chacun aura été libre de s’exprimer. Durant plus d’une heure, le pape François a répondu aux questions des séminaristes et des prêtres qui étudient à Rome.
En début de rencontre, le Saint-Père a parlé aux séminaristes venus du Moyen-Orient et d’Ukraine. Avec la proximité et la sensibilité que l’on lui connait, il leur a affirmé : « Sachez que je suis très près de vous en ces temps de souffrances : vraiment, très près de vous, et dans la prière. L’Église souffre beaucoup ; et l’Église souffrante est aussi l’Église persécutée aux quatre coins du monde, et je pense beaucoup à vous ». Puis, le pape François a demandé à son audience qui représente la génération future de l’Église d’entamer un dialogue spontané, « en toute liberté ».
Vivre avec les autres
Les séminaristes ont fait preuve de franchise et n’ont pas hésité à révéler les difficultés auxquelles ils sont confrontés quotidiennement au Saint-Père. Ainsi, Thomas, venu de Chine, a confié au pape François ses difficultés à vivre en communauté et lui a demandé conseil. Le Saint-Père a alors proposé des pistes de réflexions, qui résonnent étonnement également aux oreilles des simples fidèles, confrontés aux obstacles de la vie quotidienne : « La vie au séminaire, la vie communautaire est très importante. Elle est très importante car c’est le partage entre frères, qui se dirigent ensemble vers le sacerdoce (…) Il y a plusieurs choses qui nous aideraient beaucoup si nous les suivons : tout d’abord, ne jamais, jamais parler derrière le dos des autres. Si j’ai quelque chose contre quelqu’un, ou que je ne suis pas d’accord : je le dis en face ! Nous avons la tentation de ne pas parler en face, d’être trop diplomates, avec notre langage cléricale… Mais ça nous fait mal ! Ca nous fait mal ! » Puis, il a ajouté : « Il y a une autre chose : c’est être à l’écoute, écouter les différentes opinions et discuter. Mais discuter en cherchant la vérité, en cherchant l’unité : c’est ainsi que l’on aide la communauté (…) Il faut prier, prier pour tous les membres de la communauté, mais prier principalement pour ceux avec qui l’on a des problèmes ou pour ceux que l’on aime moins, car ne pas ressentir d’affinités pour quelqu’un est quelque chose de naturel, d’instinctif. Priez, et le Seigneur fera le reste ».
La Vierge Marie et l’Église, nos deux Mères
Un séminariste mexicain, Daniele Ortiz, a abordé avec le Saint-Père les exigences du discernement en posant une question personnelle : « Très Saint-Père, dans la fidélité de notre vocation, nous avons besoin d’un discernement constant, de vigilance et de discipline personnelle. Vous, comment avez-vous fait ? Lorsque vous étiez séminariste, prêtre, évêque, et désormais souverain pontife ? Que nous conseillez-vous ? ». Le Pape affirme alors l’importance de la Sainte Vierge pour nous guider, « il faut trouver refuge sous la protection de la Sainte Mère de Dieu, car un prêtre qui oublie notre Mère, et surtout dans les moments de doutes, il lui manque quelque chose d’important (…). Une belle relation avec la Madone nous aide à avoir un beau rapport avec l’Eglise : elles sont toutes les deux Mères (…). Oublier la mère de Dieu est quelque chose de très mauvais… Et pour le dire d’une autre façon : si tu ne veux pas de la Madone comme mère, il est certain que tu l’auras comme belle-mère ! Et ça, ça n’est pas bien ! », a expliqué le Saint-Père non sans ironie.
Leadership, nouvelle évangélisation : les nouveaux enjeux de l’Église
Le pape François, aux multiples questions des séminaristes en plein cheminement dans leur vocation, a également parlé du leadership: « Il y a une seule voie : le service. Il n’y en a pas d’autre. Si tu as plein de qualités- savoir communiquer, etc. – mais que tu n’es pas un serviteur, ton leadership tombera, et ne servira pas. Il faut absolument être au service des autres ». Face aux inquiétudes des tout jeunes ou futurs prêtres confrontés à la nouvelle évangélisation, le Pape a proposé volontiers des pistes pour faciliter ce qui est devenu primordial à l’Eglise : « Il faut chercher une expression qui s’accorde à l’unicité de ces temps. Et, selon moi, tout cela est très bien expliqué dans le document de l’Aparecida. Ce document développe bien toutes ces nouvelles questions. Pour moi, l’évangélisation demande de s’ouvrir au monde ; elle requiert une dimension de transcendance : la transcendance dans l’adoration de Dieu, dans la contemplation, et la transcendance envers nos frères, envers les autres. Il faut sortir, s’ouvrir ! » Puis, il n’a pas hésité à mettre en garde sur l’homélie et ses nouveaux enjeux: « Pour que cela aille de pair avec la nouvelle évangélisation, nous devons avancer sur la question de l’homélie, nous sommes en retard. C’est l’un des points de la conversion de l’Eglise d’aujourd’hui : il faut ajuster les homélies, pour qu’elles soient accessibles (…). Elles doivent être brèves, concises et fortes ».
Source: Stampa della Santa Sede