Le père Federico Trinchero, missionnaire de l’Ordre des carmes déchaux, témoigne de l’organisation rigoureuse que nécessite un tel regroupement dans ce camp de fortune.
09/05/2014
Le Carmel Notre-Dame de Bangui est devenu l’un des plus grands camps de la capitale centrafricaine. C’est un bien triste constat qu’a rapporté l’agence d’information missionnaire du Vatican Fides mercredi 6 mai. Le témoignage du père Federico Trinchero, missionnaire de l’Ordre des carmes déchaux, nous peint un bien triste tableau de ce qu’est le pays aujourd’hui. Déchiré par des troubles politiques et interreligieux, la Centrafrique est plongée dans une crise humanitaire sans précédent. Sur les 400 000 déplacés internes, le carmel de Bangui en accueille aujourd’hui 7 500.
Le père Federico explique l’organisation rigoureuse qu’un tel nombre de réfugiés requiert dans le camp. Il évoque ainsi pas moins de 79 grandes tentes, 116 latrines, 110 douches, 12 quartiers, mais également un responsable par quartier, deux conseillers, un comité et une équipe de vigilance pour la nuit et le jour. « Imaginez une moyenne de 10 000 personnes qui font une sorte de pique-nique pendant 5 mois dans votre jardin : des tonnes d’ordures sont inévitables et l’herbe n’est plus qu’un souvenir », explique t-il, non sans ironie. À l’image des mots du missionnaire, le camp de réfugiés doit ainsi affronter les souffrances et les peines pour avancer et tenir bon. Ils sont aidés par la Croix Rouge Internationale, qui dépose toutes les deux semaines près de 16 tonnes de riz, 6 tonnes de haricots, 2800 litres d’huile et 12 grands sacs de sel.
Hygiène, intendance, respect des règles, santé… Pour faire cohabiter 7 500 réfugiés, chaque homme a un rôle à jouer au carmel de Bangui. « Notre camp de réfugiés est comme une voiture parfaite que nous avons appris à conduire, jour après jour, même si personne n’avait un permis de conduire pour une voiture de ce type. De temps en temps, il y a des ralentissements, ou bien il manque de l’essence, mais ensuite ça repart… qui sait jusqu’à où et jusqu’à quand », a ajouté le père Federico.
En dépit de la présence massive des forces internationales, les violences s’enchaînent au quotidien en Centrafrique. Médecins sans frontières vient d’annoncer qu’elle souhaitait réduire temporairement ses activités dans le pays, en signe de protestation, suite à l’attaque du 26 avril de l’hôpital de la ville de Boguila, à 450 km de la capitale, où 22 personnes dont 3 membres de son personnel humanitaire avaient été tués.
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